Détecteur de gaz et laboratoires clandestins


Détecteur de gaz et laboratoires clandestins

Les laboratoires illicites clandestins sont de plus en plus nombreux. Au Québec, les derniers évènements de Saint Valère (1) et de Mirabel (2), ce dernier laboratoire ayant explosé, causant décès et blessures, démontrent la pertinence de la protection de travailleurs devant intervenir comme les pompiers, les ambulanciers et les policiers.

Christian Rousseau

Pour plusieurs d’entre nous, la période des Fêtes est une belle opportunité pour se mettre à jour dans nos séries télé préférées. Suivant les recommandations de plusieurs personnes de mon entourage, j’ai arrêté mon choix sur les séries Suits et Breaking Bad. Sans être un grand fan des séries de télé, je trouve que cela représente un excellent moyen de perfectionner mon anglais. Pas de cachette, Breaking Bad a retenu mon attention, car beaucoup de gens mettent trop souvent leur santé en danger avec tous les produits utilisés dans la fabrication illicite de drogues. Breaking Bad est l’histoire d’un professeur de chimie, discret et sans histoire, passionné par son travail, et qui, un jour, apprend qu’il est atteint d’un cancer incurable. Le régime de santé aux États-Unis est très différent de celui que nous connaissons au Québec. Sans de bonnes assurances, cela peut être plus complexe pour se faire soigner en cas de maladie grave. Pour ce professeur qui, avant de mourir, veut assurer une sécurité pour sa famille et offrir l’université à ses enfants, l’attrait du gain facile semble être la seule solution. Il se lance à fond dans la production de méthamphétamine (Méth) avec son partenaire Jesse et il s’ensuit alors toute une série de situations à la fois plausibles et farfelues.

Cette histoire n’est pas sans nous rappeler un évènement survenu en novembre 2017 où la Sûreté du Québec a dû intervenir afin de procéder au démantèlement, dans une ancienne porcherie, d’un laboratoire clandestin à Saint Valère, dans la région de Victoriaville (1).

Contexte

Les laboratoires clandestins sont en pleine expansion en Amérique du Nord, notamment de puis les 20 dernières années. En expansion, car ce genre de produits existe depuis très longtemps et aurait même été utilisé, selon le USA TODAY, par les Nazis lors de la seconde Grande Guerre (3).

Un laboratoire clandestin est un endroit où l’on cultive et fabrique des drogues illégales et dangereuses. Ces laboratoires, il va sans dire, opèrent dans la plus grande illégalité et ceux qui y travaillent sont considérés comme des criminels aux yeux de la Loi. La méthamphétamine est certes la drogue la plus fréquemment retrouvée en production dans ces laboratoires. Mais il y a aussi tout ce qui s’appelle GHB, extasy, crack, et, plus récemment, le crank. Un des problèmes avec ces laboratoires est l’utilisation de nombreux produits dangereux, combustibles et toxiques, produits que les criminels peuvent retrouver facilement en vente libre et à proximité. Comme autre situation dangereuse, la fabrication de ces drogues est habituellement effectuée dans de mini-usines créées de toute pièce par les criminels, souvent localisées dans un quartier industriel, commercial, voire résidentiel et, comme dans Breaking Bad, à l’intérieur même d’un véhicule récréatif (VR). Du côté résidentiel, il n’est pas rare de retrouver des laboratoires dits éphémères, un jour installés dans de modestes petits appartements puis, le lendemain, dans des résidences de luxe. On en retrouve même sur des bateaux, dans des chambres d’hôtel ou de motels. En Amérique du Nord, ces types de laboratoires ont vu le jour aux États-Unis, sur la côte ouest et dans les régions du Sud-Ouest, puis ils se sont déplacés vers l’Est (3).

Voilà donc une situation à haut risque pour les services publics comme les pompiers, policiers ou ambulanciers qui peuvent être appelés à intervenir en tout temps dans ce genre d’établissement.

Méthamphétamine et Amphétamine

Méth ou ICE, la cocaïne du pauvre, Glace, Speed, Yaba, Crank, etc. ne sont que quel ques­uns des noms qu’on attribue à la méthamphétamine. La Méth stimule le système nerveux central et provoque un état d’euphorie extrême. Une bonne liste des effets se retrouve sur un site du Gouvernement du Québec (4).

Elle est produite par la modification du mélange chimique d’éphédrine ou de pseudoéphédrine. Les composantes se trouvent dans des médicaments contre le rhume et des produits amaigrissants. Les matières premières consistent principalement en des médicaments sans ordonnance légale et des produits ménagers. Comme nous l’avons vu plus tôt, ces matières sont aussi extrêmement volatiles et toxiques, causant trop souvent une explosion et un incendie.

Méthodes de production de Méth

Il existe 3 méthodes connues de fabrication de Méth.

1. RP ou méthode au phosphore rouge : utilise principalement le phosphore rouge à partir de pochettes d’allumettes, d’iodine, d’acide iodhydrique et chlorhydrique ainsi que d’autres produits chimiques ménagers.
2. Méthode de dopage Nazi : utilise principalement de l’ammoniac et des bandes de lithium ainsi que d’autres produits chimiques ménagers.
3. Méthode P2P : Aussi connue sous le nom de Dope de motards, utilise principalement de l’acétone de phényle-2  et de l’acide phénylacétique.

Principaux gaz dangereux associés aux opérations de labos Méth :

• phosphine ;
• ammoniac ;
• chlorure d’hydrogène ;
• acide sulfurique ;
• acétone ;
• iode ;
• hydrogène ;
• propane ;
• éthanol ;
• toluène ;
• méthanol ;
• éther ;
• auxquels on peut ajouter une insuffisance d’oxygène, ainsi que divers combustibles.

L’importance de la détection des gaz

Les labos clandestins où l’on fabrique de la méthamphétamine font courir des risques considérables aux agents de la loi, services d’incendies, à la communauté et à l’environnement. L’aspect le plus important pour les intervenants dans des labos clandestins demeure la SÉCURITÉ.

Il y a principalement trois conditions atmosphériques dangereuses.

Atmosphère explosive
* Plusieurs de ces produits chimiques sont volatils ou explosifs selon la concentration qui est variable.
Présence de gaz toxiques
* La phosphine, un gaz pyrophorique, est incolore, toxique et très inflammable. Ce gaz peut s’enflammer spontanément lorsqu’il est mélangé à certaines concentrations d’oxygène.
* L’ammoniac s’avère un gaz extrêmement toxique et peut devenir inflammable.
* Le chlorure d’hydrogène, qu’on trouve dans l’acide muriatique, est extrêmement toxique et très corrosif pour les voies respiratoires.
Insuffisance d’oxygène
* Bon nombre des gaz mentionnés ci-haut sont susceptibles de déplacer l’air et conséquemment le contenu d’oxygène, causant des conditions respiratoires non sécuritaires.

Conclusion

Une bonne protection des travailleurs devant intervenir en ces lieux est primordiale. Que ce soit face à des produits dangereux, un risque d’explosion provoqué intentionnellement en cas d’intrusion ou des individus armés, la formation, l’éducation, la reconnaissance du danger et, bien sûr, l’équipement nécessaire sont essentiels pour que ces travailleurs œuvrent en toute sécurité. Quand l’élimination des dangers devient impossible, la gestion des risques prend toute son importance.