7 questions sur la gestion de vos pneu et sécurité routière
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SÉCURITÉ ROUTIÈRE

Mon ami le pneu

Nous exigeons de nos pneus la meilleure adhérence possible en toutes occasions, que ce soit aux accélérations, aux virages ou aux freinages. De plus, sur tous les types de revêtement, ils doivent absorber les inégalités de la route.

Denis Corriveau

AUTEUR ET FORMATEUR EN SÉCURITÉ ROUTIÈRE [denis.corriveau@outlook.com]

Pour réussir cet exploit, chacun entre en contact avec la chaussée sur une superficie équivalente à la grandeur d’une main, ce qui est peu.

Voici les sept questions et les réponses qui me sont le plus souvent posées à leur sujet.

1. À quelle pression dois-je gonfler mes pneus ?
2. En quoi un pneu mou affecte-t-il ma sécurité ?
3. Quand dois-je vérifier la pression d’air ?
4. Est-il vrai que les pneus ont une date de péremption ?
5. Pourquoi roder mes pneus neufs ?
6. Faut-il poser mes meilleurs pneus à l’avant ou à l’arrière ?
7. Quelle marque de pneu est la meilleure ?

1. Pression de gonflage

La pression de gonflage correcte est celle que recommande le manufacturier du véhicule. Elle se retrouve sur la plaquette située au rebord du cadre de la portière du conducteur et dans le manuel d’utilisation.

Il existe néanmoins trois exceptions, non cumulatives, où le conducteur peut augmenter légèrement la pression, à la condition de ne pas dépasser la pression maximale inscrite sur le flanc du pneu.

  • En conduite fréquente sur autoroute l’été, ajoutez 4 PSI.
  • Au montage des pneus d’hiver, ajoutez 3 à 4 PSI, car un abaissement de la température ambiante d’environ 5 °C diminue la pression d’air d’un PSI.
  • Dans le cas de la traction d’une remorque, ajoutez jusqu’à 6 PSI aux pneus arrière. Une pression adéquate contribue à diminuer la résistance au roulement, favorisant conséquemment une réduction de l’usure, de la pollution atmosphérique et de la consommation de carburant, de même qu’une augmentation de l’autonomie des véhicules électriques.

2. Conduite avec des pneus mous

Il est périlleux de rouler avec des pneus sous-gonflés ou surchargés parce qu’il se produit : • Une augmentation de la dérive ;

  • Une plus grande probabilité d’aquaplanage à cause de l’élargissement de la surface de contact et de la fermeture de l’espacement entre les rainures. Pour illustrer le phénomène, à 90 km/h sous une pluie torrentielle, chaque pneu doit évacuer environ dix litres d’eau à la seconde;
  • Un allongement de la distance de freinage;
  • Une usure prématurée sur les côtés, par exemple, un pneu sous-gonflé de 8 PSI peut réduire sa longévité jusqu’à 15 000 km;
  • Une plus grande résistance au roulement;
  • Un risque de déchirure sur un pavé accidenté;
  • Un danger d’éclatement sous l’effet de la chaleur.

L’été
La vitesse élevée sur une chaussée brulante augmente sérieusement le risque d’éclatement d’un pneu insuffisamment gonflé. Le pneu d’une voiture de grandeur moyenne filant à 100 km/h révolutionne quinze tours à chaque seconde.

Cela parait théorique comme énoncé ? En pliant et dépliant un cintre de métal 15 fois à la seconde, la chaleur générée le ferait lâcher très rapidement. Alors, on peut imaginer ce qui se passe à l’intérieur du pneu mou, l’été, sur l’autoroute.

Au moment où vous lisez ces lignes pourriez-vous dire si vos pneus sont correctement gonflés? Allez vérifier. Une récente étude de Transports Canada est arrivée à la conclusion qu’un véhicule sur quatre circule avec un pneu sous-gonflé de 20%.

3. Moment de vérification de la pression

Il est recommandé de vérifier la quantité d’air des pneus, y compris le pneu de rechange :

  • Au moins une fois par mois;
  • Lorsque les pneus sont à froid, c’est-à-dire au moins trois heures après qu’ils ont roulé ou alors qu’ils n’ont pas roulé plus de 2 km à vitesse réduite;
  • Quand la température est supérieure à -10 °C, car en deçà, la valve pourrait geler et un dégonflement graduel s’ensuivrait.

4. Date de péremption des pneus

Quand le pneu est exposé aux rayons du soleil, les processus physiques et chimiques provoqués par l’ozone et l’oxygène le cuisent. Ainsi, ses composés de caoutchouc durcissent et se désagrègent avec le temps. C’est pourquoi un pneu de 10 ans et plus est trop vieux pour demeurer sécuritaire, même s’il parait en bonne condition.

L’âge des pneus
Pour connaitre l’âge des pneus, on regarde les quatre derniers chiffres du code DOT (Department of Transportation) inscrits sur leur flanc : on y découvre la semaine et l’année de fabrication. Par exemple, le code DOT H48 LJDC 0115 nous indique que le pneu a été fabriqué la 1re semaine de l’année 2015.

Pneus d’hiver en été ?
Si la chaleur désintègre rapidement la bande de roulement, accroissant d’autant son usure, rouler l’été avec des pneus d’hiver est une très mauvaise idée. De plus, le dessin particulier de leurs sculptures et les types de caoutchouc utilisés les font mal adhérer à la chaussée, allongeant les distances de freinage et provoquant le glissement dans les courbes.

5. Rodage des pneus neufs

Parce que les pneus neufs adhèrent moins à la chaussée, ils doivent être rodés. Mais pourquoi adhèrent-­ils moins ? Pour deux raisons : pendant leur fabrication, ils ont été lubrifiés pour faciliter leur démoulage, et des particules de gomme sont incrustées à la surface de leur bande de roulement. Ce phénomène est plus présent sur les pneus directionnels dont les rainures sont dessinées pour mieux chasser l’eau. On a d’ailleurs démontré qu’à une vitesse de 100 km/h sur une chaussée sèche, un véhicule chaussé de pneus neufs allonge sa distance de freinage de 9 %.

Afin de réduire le risque, il faut adopter une conduite souple pendant quelques centaines de kilomètres pour dégommer vos pneus.

6. Où monter les meilleurs pneus ?

S’il y a une différence marquée d’usure entre les quatre pneus, les manufacturiers et les experts préconisent de monter les meilleurs à l’arrière.

Et ce, qu’il s’agisse d’une traction, d’une propulsion ou d’une traction intégrale.

Pourquoi ? Je réponds par une lapalissade : parce que les roues non dirigeables ne peuvent diriger le véhicule. L’astuce est donc d’améliorer leur adhérence, donnant ainsi un coup de pouce au conducteur.

Oui, mais poser les pneus les plus usés à l’avant sur ma traction, ne désavantage-t-il pas les départs sur une surface glacée ? Bien vu ! Toutefois, un démarrage difficile n’est pas dangereux, alors que le glissement du train arrière en virage ou en freinage est précurseur d’un lot de désagréments.

7. La meilleure marque de pneu est…

Quand vient le temps d’acheter des pneus, rien ne sert de payer moins cher en sacrifiant la qualité, car la prévention n’a pas de prix. Sur une période de quatre ans, la différence est minime entre les marques bas de gamme et celles que recommandent les revues spécialisées et les sites Internet de protection du consommateur. Les résultats d’essais comparatifs sur piste et sur route y sont compilés par des évaluateurs professionnels non­engagés et ce :

  • dans des situations d’accélération;
  • de freinage;
  • d’adhérence globale;
  • pneus d’été, quatre saisons, à neige et à glace;
  • en ligne droite et en virage;
  • sur des chaussées sèches, mouillées, glacées et enneigées.