SÉCURITÉ ROUTIÈRE

Apprendre de ses propres erreurs : TOUT UN ART

Denis Corriveau 1

Les statistiques sont éloquentes. Un conducteur qui a eu un accident de voiture dans les trois dernières années double sa probabilité de le répéter dans les trois prochaines. Et s’il en est de plus responsable, son risque d’être impliqué à nouveau quadruple dans les douze mois qui suivent.

D’autres études démontrent plus précisément que les gens ont tendance à refaire le même type d’accident. Par exemple, un conducteur qui heurte un véhicule par-derrière multiplie par deux les probabilités d’une rechute du même genre. Si, dans une période de trois ans, il entre en collision en coupant un véhicule dans sa voie de circulation, ses chances de reproduire un accident similaire dans les prochaines trois années triplent.

Genèse de l’apprentissage

Qui ne connait pas la maxime énonçant que l’expérience est le cumul des erreurs non répétées ? Mais voilà, quand le principal intéressé n’en subit pas les contrecoups, elles passent inaperçues. Comment peut-il en effet savoir  que ce sont précisément des fautes ? En les ignorant, volontairement ou non, il ne lui viendra jamais à l’esprit de changer ses habitudes, sa perception, son attitude, ses manières de faire.

Un accident est rarement accidentel

Ceux qui n’ont pas conscience que l’excès de vitesse est l’une des principales cause d’accidents, continuent comme tel toute leur vie…ou jusqu’à ce qu’ils soient confrontés à la
cruelle réalité d’une collision conséquente. Car la majorité des conducteurs impliqués dans un accident n’acceptent pas l’idée qu’ils puissent en avoir une quelconque responsabilité.

Résistance à apprendre de ses erreurs

Ce constat démontre que pour améliorer la recette garantissant sa sécurité et son plaisir de conduire, il est avant tout primordial de reconnaitre ses manquements.

La répétition de mauvais automatismes, l’immaturité émotionnelle, les comportements délinquants, les conseils approximatifs, les contrexemples de l’entourage et les influences pernicieuses des héros sur les écrans sont des élements qui préparent le terrain pour les accidents.

Comment réduire les risques ?

Chaque fois que le conducteur est impliqué dans un accident, ou vient près de l’être, devrait être vue comme une occasion de réévaluation personnelle et de perfectionnement de ses techniques et de ses méthodes de conduite.

La capacité de s’autocritiquer et de s’instruire de ses expériences est la pierre angulaire de l’apprentissage.

Lorsqu’un conducteur est mis en cause dans un incident fâcheux ou un accident, il devrait se demander :
• Quelle est la chaine d’évènements à l’origine de cet aboutissement ?
• Était-ce évitable ? Si oui, par qui ?
• Comment aurait-il fallu procéder pour empêcher ce dénouement ?
• Quels apprentissages a-t-il réalisés ?
• Dorénavant, quels gestes posera-t-il, ou évitera-t-il de poser, pour échapper à un scénario similaire ?

S’il est bien de répondre spontanément à ce questionnement, y réagir également par écrit renforce davantage la prise de conscience. Les conducteurs, en mal de comprendre ce qui est arrivé, retournent sur les lieux pour analyser avec recul les circonstances précises ayant mené à la collision. On s’en doute, cette démarche rehausse leurs apprentissages en raison
de l’utilisation de plusieurs sens.

Le mot de la fin

Je termine cette chronique en citant Ralph Nader « Votre meilleur professeur, c’est votre dernière erreur ». Ralph Nader est un avocat célèbre qui a attaqué de front la puissante industrie automobile américaine sur la dangerosité, la pollution et l’obsolescence programmée de leurs véhicules, dans les années 60. Sur ces lignes, je termine mon ultime chronique en souhaitant, à tous et à toutes, prudence et plaisir sur la route.


1 – Denis Corriveau – AUTEUR ET FORMATEUR EN SÉCURITÉ ROUTIÈRE
[denis.corriveau@outlook.com]