Bactérie écologique mangeuse de fer


Bactérie écologique mangeuse de fer

Récemment, dans la revue Canadian Journal of Microbiology, une étude a été éditée attestant  qu’une nouvelle bactérie abaissant les éléments chimiques semi-métalliques a été identifiée 1 et que celle-ci aurait la possibilité d’être utilisée pour le traitement de lieux contaminés.

Hugo Néron

Cette découverte a été localisée dans un site hautement pollué d’une ancienne mine d’or, soit la Central Gold Mine, dans le parc provincial Nopiming, au Manitoba. Celle-ci a été en service de 1927 à 1937 et bien qu’elle ait été abandonnée depuis plus de 75 ans, il reste des résidus très pollués par des oxydes métalloïdes lourds. Pour les auteurs de cette trouvaille, cette bactérie serait un élément dominant et important pour les futures technologies de bioassainissement.

Le docteur Vladimir Yurkov, qui est professeur à l’université du Manitoba, précise que cette bactérie a la capacité de convertir les composantes toxiques qui existent à la suite des activités minières dans des formes moins toxiques. Il explique ceci : Nous voulions examiner la résistance bactérienne aux déchets toxiques, ce qui serait un atout important dans le contexte des mines fortement polluées. Nous avons également visé à enrichir notre compréhension de la diversité microbienne des environnements extrêmes, sachant que la grande majorité de ces microbes et leurs utilisations potentielles restent à découvrir.

Cette bactérie fait partie de la famille des phototrophes anoxygéniques aérobies (AAP). D’ailleurs, cette dernière se retrouve dans de nombreux environnements différents, même dans ceux qui sont extrêmes.

Les habitats qui présentent des concentrations extrêmement élevées d’oxydes métalloïdes sont toxiques, mais les AAP sont capables de survivre dans ces endroits. Ces bactéries y parviennent en convertissant les composés toxiques en des formes moins nocives par un processus appelé réduction.

Les chercheurs ont observé, sur des échantillons extraits, que la bactérie se développait malgré de grands écarts de température, d’acidité et de teneur en sel. Même qu’elle est très résistante aux oxydes métalloïdes toxiques et qu’elle peut convertir le telluride toxique en tellure élémentaire moins toxique. Qui plus est, elle contribuerait potentiellement à la décontamination des résidus.

Également, l’Université Laurentienne de l’Ontario se penche sur le sujet et a créé un groupe de chercheurs qui expérimenteront la bactérie afin qu’elle dépollue les résidus miniers accumulés depuis des années dans les régions. Celle-ci pourrait absorber les produits chimiques retrouvés dans les déchets miniers pour ainsi éviter la contamination de l’eau. D’ailleurs, pour aider au soutien de cette recherche, le gouvernement provincial a investi la somme de 630 000 $ afin que l’on poursuive ces travaux, et ce, pour une période d’au moins cinq ans.

Madame Chantal Barricault, codirectrice du programme de communication scientifique au Centre pour la vitalité des lacs, déclare que cette manière de procéder est plus écologique que ce qui se fait actuellement. Elle ajoute aussi que tous sont très excités pour la vision du futur en ce qui concerne des solutions biologiques pour faire la restauration de nos environnements.

Enfin, les chercheurs sont positifs relativement à cette découverte et croient qu’elle pourrait conduire au développement d’outils pour la désintoxication de nos milieux naturels. Cependant, pour le moment, très peu de données et de statistiques existent en ce qui la concerne.