ÉTALONNAGE Avant l’utilisation


ÉTALONNAGE Avant l’utilisation

L’étalonnage régulier d’un instrument de détection de gaz est la clé pour assurer la sécurité des travailleurs. Mais, de plus, il ne faut pas oublier de faire un test de fonction (Bump test) avant chaque utilisation journalière.

Christian Rousseau

Une explosion dans une usine fait trois morts

 Une explosion causée par une fuite de gaz naturel a secoué une usine hier tuant trois travailleurs. Les autorités ont déclaré que l’instrument utilisé pour détecter la fuite de gaz ne fonctionnait pas adéquatement, laissant ainsi les trois employés du service d’entretien tout simplement inconscients du danger. Le rapport a cité que les faits indiquent que l’instrument normalement utilisé pour détecter et protéger les travailleurs contre les gaz dangereux n’a pas été vérifié ni étalonné depuis les neuf derniers mois.

Malgré que l’extrait du rapport ci-dessus soit fictif, il illustre bien la réalité de nos jours. Des travailleurs qui subissent des blessures mortelles lors d’accidents où l’équipement fourni dans le but de les protéger n’était pas utilisé ni entretenu convenablement. Les instruments de détection des gaz sont conçus pour protéger le personnel des dangers imprévus et non visibles présents dans le lieu de travail. Il est essentiel afin d’assurer la sécurité de ces travailleurs que les instruments qu’ils utilisent soient entretenus et étalonnés convenablement.

Voici quelques règles simples quant à l’étalonnage d’un instrument qui, lorsqu’elles sont respectées adéquatement, contribueront à augmenter le niveau de sécurité.

Suivre les indications du fabricant pour assurer l’étalonnage de l’équipement approprié

Aucune tâche ne peut être effectuée correctement ou de façon sécuritaire sans les bons outils. Il est sans doute vrai lors de l’étalonnage d’un instrument. Le type de gaz d’étalonnage et sa concentration, le tube d’échantillonnage, les régulateurs de débit et les adaptateurs d’étalonnage sont les mailles qui forment la chaine d’étalonnage. Utiliser l’équipement fourni devrait assurer un départ approprié pour chaque étalonnage. Pour un travail sécuritaire ou pour faire une expertise d’un poste de travail en enregistrant les données d’un moniteur de gaz, il est toujours important de suivre les recommandations du fabricant du moniteur afin de s’assurer un maximum de précision.

Utiliser seulement un gaz d’étalonnage certifié avant la date d’expiration

L’outil le plus important utilisé aux fins d’étalonnage est le gaz en soi. L’instrument peut seulement être aussi précis que le gaz utilisé pour l’étalonnage. S’assurer que votre fabricant peut offrir un certificat d’analyses en règle pour chacun des cylindres de gaz d’étalonnage. La concentration du gaz d’étalonnage, surtout la concentration des gaz réactifs tels que le sulfure d’hydrogène ou le chlore, demeurera stable seulement pendant une période de temps limitée. N’utilisez jamais  un gaz d’étalonnage suivant la date d’expiration inscrite sur le cylindre.

Former les travailleurs sur les méthodes d’étalonnage appropriées.

Même si les fabricants ont continué de faire des progrès afin de rendre l’étalonnage plus facile, le problème le plus courant qui se produit lors de l’étalonnage d’un instrument est que le technicien qui effectue l’étalonnage n’est pas formé adéquatement. La plupart des instruments utilisés de nos jours sont conçus pour un étalonnage sur le lieu de travail. Les directives d’étalonnage sont inscrites en détail dans le manuel de l’utilisateur et les vidéos (You tube) de formation ou dans des modules de formation informatisés et Web. Il faut s’assurer que tous les gens responsables de l’étalonnage d’un instrument soient formés et évalués en conséquence. Aujourd’hui, la plupart des fabricants offrent des stations d’étalonnages. Selon le Règlement sur la santé et la sécurité du travail du Québec, il est aussi important de rappeler que le tout doit être fait par des personnes qualifiées. (Travail en espace clos)

Article 297. Définitions : Dans la présente section, on entend par :
« Personne qualifiée » : une personne qui, en raison de ses connaissances, de sa formation ou de son expérience, est en mesure d’identifier, d’évaluer et de contrôler les dangers relatifs à un espace clos (1).
Effectuer un essai de fonctionnement de l’instrument avant chaque utilisation (Bump test).

La seule façon de garantir qu’un instrument détectera un gaz est de le vérifier à l’aide d’une concentration de gaz connue. Un instrument utilisé antérieurement a peut-être été échappé ou submergé et a subi des dommages qui ont causé un échec catastrophique à un ou plusieurs éléments de détection des gaz. Comment l’utilisateur actuel peut-il le savoir ? Une brève exposition de l’instrument à un gaz d’essai connu démontrera que les capteurs réagissent et que les alarmes de l’instrument fonctionnent adéquatement.

Les essais et l’étalonnage constituent des éléments d’entretien standard pour tous les moniteurs de gaz. Il ne faut pas les ignorer ou les prendre à la légère. Plusieurs organismes de règlementation font des recommandations quant aux méthodes d’essai et d’étalonnage et leur fréquence. L’Association canadienne de normalisation (ACNOR) a établi une norme pour tous les moniteurs de gaz portatifs avec capteurs de combustible (LIE). La norme C22.2 nº 152-M1994 – Instruments de détection des gaz combustibles s’applique aux moniteurs portatifs conçus pour détecter la présence de gaz combustibles. En vertu de cette norme, la clause 5.3.1 stipule qu’avant chaque utilisation quotidienne, on doit vérifier la sensibilité en présence d’une concentration connue de gaz combustible (préciser le gaz) qui équivaut à 25-50 % de la plage complète de la concentration.

Attention, il est essentiel de bien lire et de suivre les recommandations de chacun des fabricants (voir le manuel du produit, ou le site Internet).

Encore une fois, aujourd’hui, le tout peut être fait avec l’aide des stations qui feront les tests, les étalonnages et même le transfert de data.

Effectuer des étalonnages complets à intervalles réguliers

Avec toute la pression dans l’industrie quant à la réduction des couts, les usines de fabrication d’instruments sont incitées à prolonger leurs intervalles d’étalonnage recommandés. Même si étalonner un instrument sur une base trimestrielle est suffisant, peut-on dire la même chose au bout de six mois, d’un an ou de deux ans? Beaucoup de fabricants ainsi que d’organismes indépendants sur la sécurité recommandent d’étalonner des instruments de détection des gaz tous les mois. On commercialise de nos jours des outils et systèmes qui sont conçus pour réduire les couts associés à l’étalonnage des instruments. Réduire la fréquence d’étalonnage d’un équipement de sauvetage n’est pas la solution. Avez-vous une station d’étalonnage? Dans un prochain article, je reviendrai sur les stations et le data.

La plupart des accidents tel que celui décrit ci-dessus peuvent être évités. L’entretien approprié d’un instrument constitue la première étape afin d’empêcher que ces types d’accidents ne se produisent. La vie que vous sauvez en prenant le temps de vérifier et d’étalonner chaque instrument de détection des gaz régulièrement pourrait être la vôtre.

Demandez à un professionnel de la sécurité, «Quel est l’aspect le plus désagréable de vos programmes sur la détection des gaz et les espaces clos?» La réponse sera sans aucun doute l’étalonnage et la tenue des registres. La vérification quotidienne (Bump Test), l’étalonnage d’un instrument, et toute documentation liée à l’équipement de détection des gaz requièrent du temps, de la formation et des ressources. Avec les compressions de personnel et l’augmentation des demandes de documentation, l’équipement de détection des gaz doit offrir un maximum d’information sans trop de désagréments pour le client.


Référence bibliographique

1. [http://www2.publicationsduquebec.gouv.qc.ca/dynamicSearch/ telecharge.php?type=3&file=/S_2_1/S2_1R13.HTM

 

ERRATUM : Dans mon dernier article (de mars dernier), un chiffre 0,  qui peut avoir beaucoup d’importance a été ajouté par erreur à deux reprises. Voici donc ce que nous aurions dû lire :

Prenons l’exemple du toluène (2) avec un capteur étalonné au toluène. Seuil de détection de l’odeur : 6,7 ppm.

LIE : 1,1 % soit 11 000 ppm.

1 % de la LIE : 110 ppm.

VEMP : 50 ppm

Ainsi pour le toluène, on détecte l’odeur à une concentration de seulement 6,7 ppm alors que 1 % de sa LIE s’élève à 110 ppm. Notons de plus que le capteur de gaz inflammable ne permet pas de sécuriser pour l’aspect de la toxicité puisque la valeur de la VEMP est inférieure à 1 % de la LIE. Le même exercice pour le styrène (3) donne un seuil olfactif à 0,14 ppm et 1 % de la LIE (0,9 %) signifie 90 ppm. (VEMP : 50 ppm) avec bien sûr, un capteur étalonné au styrène.

Le but de l’article est de bien faire savoir aux utilisateurs qu’un capteur de gaz explosif nous protège des explosions, mais pas nécessairement de l’aspect toxique de ce gaz explosif.

Merci à Daniel Drolet d’avoir partagé et aidé pour cette correction.

Merci aussi à Dave Wagner, d’Industrial Scientific pour son aide.

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