Quand il FAUT savoir


Quand il FAUT savoir

Marie-Ange, 86 ans, est décédée la nuit dernière, conséquence d’un accident survenu à la maison il y a… 81 ans.

Robert Richards

Marie-Ange était une grand-maman adorée de tous. Depuis le décès de son mari il y avait plus de 10 ans, elle vivait seule dans son appartement où elle appréciait toujours recevoir un de ses six enfants et surtout ses petits enfants. Elle était même arrière grand-mère d’une merveilleuse petite fille. Active toute sa vie, elle continuait à aider les plus démunis par du bénévolat. Connue dans son environnement pour ses implications sociales, elle était hautement respectée de tous. Il y a environ deux mois, elle consultait son médecin pour des douleurs à l’estomac. Après divers examens, on lui annonçait que le mieux serait de lui faire passer une gastroscopie.

Qu’est-ce que c’est que cette affaire-là? Avait-elle questionné un peu anxieuse.

Le médecin lui explique qu’on va lui insérer un tube avec une caméra, que l’on nomme un endoscope, dans l’estomac en passant par l’œsophage en vue de voir si elle a, par exemple, des ulcères ou autres problèmes. Inquiète, elle explique au médecin que lorsqu’elle était jeune elle avait alors avalé accidentellement un produit corrosif destiné à débloquer les drains de lavabos.

Quel âge aviez-vous lors de cet accident ? Environ cinq ou six ans répond t’elle. Marie-Ange explique ses craintes en ajoutant que le médecin qui l’avait traitée à l’époque avait annoncé à ses parents qu’il y aurait toujours une faiblesse au niveau de l’œsophage dont la structure ne serait plus jamais intacte à cause de cicatrices, ou quelque chose du genre avait-elle ajouté sans trop se souvenir des termes exacts.

Le médecin la regarde et lui explique que cela fait plus de 80 ans et que la guérison est assurément finalisée depuis des décennies. Malgré ses craintes, elle accepte.

Lors de l’insertion du tube, une partie de l’œsophage s’est déchirée. Il n’a pas été possible de réparer cette déchirure, une infection nosocomiale (infection acquise à l’hôpital) est venue compliquer la situation provoquant le décès malheureux de Marie-Ange.

Savoir quoi faire

Les débloqueurs de drains contenant des produits corrosifs contiennent la plupart du temps soit de l’hydroxyde de sodium (caustique) ou de l’acide sulfurique. À titre d’exemple la marque commerciale Drano contient de l’hydroxyde de sodium et le Plombex de l’acide sulfurique. Sur les étiquettes de chacun, il est indiqué quoi faire en cas d’accident. Il serait difficile de connaitre le contenu d’une étiquette datant de plus de 80 ans dans le cas de Marie-Ange. De nos jours la vraie question est : Avons-nous lu l’étiquette avant d’acheter le produit ?

Les étiquettes informent sur les gestes à poser en cas d’urgence ou renvoient parfois à consulter un médecin ou téléphoner au centre antipoison. Ceci implique toutefois de connaitre le numéro de téléphone ou de l’avoir à portée de main (1). Encore mieux, avec un téléphone à mémoires, inscrire le numéro. En situation d’urgence, le temps est compté. Plus tôt on contacte le Centre et meilleures sont les chances d’appliquer les bonnes pratiques.

Le REPTOX

Le répertoire toxicologique de la CNESST demeure une excellente source d’informations et est accessible à tous. Dans les cas des deux corrosifs mentionnés ci-haut, on peut lire:

En cas d’ingestion

En cas d’ingestion, rincer la bouche. Faire boire un verre d’eau. Ne pas faire vomir et consulter un médecin. Ne jamais administrer quoi que ce soit par la bouche à une personne inconsciente ou qui a des convulsions (2) (3). Comme toujours, il faut savoir quoi faire avant que ça arrive. De là l’importance de la formation SIMDUT en milieu de travail. Et si les parents de Marie-Ange avaient su!


Références bibliographiques

1. Le numéro de téléphone du Centre antipoison du Québec est le 1 800 463-5060

2. [http://www.csst.qc.ca/prevention/reptox/Pages/fiche-complete. aspx?no_produit=1164&no_seq=3]

3. [http://www.csst.qc.ca/prevention/reptox/Pages/fiche-complete. aspx?no_produit=174&no_seq=1]

N.D.L.R. Ces faits sont tirés d’une histoire vraie.