Ne jamais reculer Pourquoi?


Ne jamais reculer Pourquoi?

De 2004 à 2009, les collisions en marche arrière ONT FAUCHÉ LA VIE DE 27 PERSONNES au Canada. On recense également 1 500 blessés. En Amérique du Nord, chaque semaine un enfant se fait renverser dans une entrée de garage ou un stationnement.

Denis Corriveau

Ces chiffres ne tiennent pas compte du nombre inouï d’accrochages avec un autre véhicule, qu’il soit en mouvement ou stationné, avec une bordure de ciment ou encore avec un poteau.

Aussi, nous sommes en droit de penser que la responsabilité incombe immuablement à celui qui recule à l’aveuglette, comme si sa réussite tenait du hasard. Bien sûr, c’est l’inattention, l’impatience, le stress, l’empressement ou la négligence qui font oublier le plus élémentaire des préceptes: s’assurer que l’espace est libre avant de s’engager, et ce, tout au long de la procédure de marche arrière.

La caméra de recul obligatoire sur les véhicules neufs en 2018 règlera-t-elle ce fléau? Certes, elle rendra la gouverne plus sure, mais à deux conditions: que le conducteur en tienne compte, et que le viseur ne soit pas obstrué par la neige accumulée, par les fondants à glace, les gouttelettes d’eau, l’éblouissement, l’obscurité, ou par le reflet du soleil sur l’écran.

En avant toute

Une extraordinaire tactique pour réduire la menace de collision en marche arrière est de ne jamais reculer. En fait, il faudrait mener son véhicule comme s’il n’était pas doté de cette fonction. D’ailleurs, les professionnels, ceux qui tirent une remorque, qui conduisent un véhicule d’urgence ainsi que les motocyclistes appliquent invariablement cette stratégie.

Arriver d’avant dans son créneau de stationnement et le quitter d’avant, n’est-ce pas la panacée? Finies, les laborieuses vérifications répétées à l’arrière, aux angles morts, d’un côté puis de l’autre. Adieu, les contorsions du tronc, du cou et du bras.

Cette approche est presque toujours applicable dans les vastes parcs de stationnement, dans les larges entrées et en bordure des trottoirs.

Dans les vastes parcs de stationnement

Dès votre arrivée à l’aire de stationnement d’un centre commercial, sportif ou industriel, prenez le temps de dénicher un double espace, quitte à le choisir un peu plus éloigné de la porte d’accès. Cela vous fera faire de l’exercice, en plus de rendre votre conduite impeccable. Avancez dans le premier emplacement, puis glissez prudemment dans son vis-à-vis. Rappelez-vous que cette manière de procéder requiert une surveillance soutenue, rendant le maintien d’une large exploration visuelle inévitable. Les conducteurs de véhicules à profil bas doivent redoubler de précautions pour détecter précocement l’arrivée d’un véhicule cherchant à s’avancer dans cette même zone; auquel cas, il faut lui accorder la priorité.

Dans les larges entrées

Dans une large entrée, prévoyez tout faire de l’avant, comme si vous dessiniez un grand cercle: l’arrivée de face, le stationnement et le départ de face. L’automobiliste est sans contredit avantagé s’il connait le rayon de braquage et les dimensions de son véhicule, le tout combiné à son habileté à dépister hâtivement la configuration et les embuches de son environnement.

En bordure du trottoir

Quand vous avez à vous garer le long du trottoir, suivez-le pour vous placer juste avant une entrée, un passage de piétons, une bornefontaine ou une intersection. À cet égard, prenez note que l’article 386 du code de la sécurité routière interdit l’immobilisation d’un véhicule routier à moins de cinq mètres des trois derniers éléments ci-haut mentionnés.

Avantages de s’insérer de face dans la circulation

S’intégrer à la circulation par devant génère cinq bénéfices: la sécurité, la facilité, la rapidité, la commodité et l’efficacité.

Plus sécuritaire

Orienter le véhicule pour aller d’avant dans la circulation offre une vision supérieure. En effet, la position du chauffeur favorise la détection précoce d’objets jonchant le sol. À l’avant, l’angle mort par terre est minime, comparativement à celui de l’arrière qui se trouve démesuré.

De plus, puisqu’il n’expose que le tiers de son véhicule pour bien y voir, le conducteur est apte à localiser plus tôt piétons, enfants, cyclistes, patineurs à roues alignées, skateboardeurs, etc. S’il faisait marche arrière, il devrait projeter les deux tiers dudit véhicule pour obtenir la même vision. Cet aspect est d’autant plus important lorsque le tunnel de vision est bordé de gros camions, de hautes haies ou d’amoncèlements élevés de neige.

En partant d’avant, les phares de jour et les feux clignotants attirent davantage le regard des autres usagers. Ceux-ci vous repèrent plus facilement et déterminent dans quelle direction vous voulez aller.

Un autre atout pour accéder aisément à la rue tout en étant de face est le dégagement du parebrise mouillé, glacé ou enneigé. Il faut rapidement et à plein régime mettre en marche le dégivreur du système de chauffage et les essuieglaces. Il s’avère également fort astucieux de dégager la lunette avant en y faisant gicler longuement le liquide antigel à lave-glace. Lorsque la mouillure voile les glaces latérales, il ne reste qu’à les abaisser. Le tour est joué.

On le sait, la motorisation silencieuse des véhicules électriques augmente le risque de collision avec les vélos, les piétons et les autres utilisateurs de trottoirs, de pistes et de bandes cyclables. Cette situation témoigne de l’importance de s’infiltrer de face dans le trafic, de façon à s’approprier la meilleure place pour voir venir et se faire remarquer.

Plus facile

La marche arrière est une option de dépannage. En effet, les véhicules sont conçus pour aller d’avant et non pour reculer. Ainsi, nul besoin de disserter pour démontrer la facilité de démarrer de face. Cette bonne habitude atténue les handicaps que sont la déconcentration, l’inconscience, la fatigue, la maladresse et la griserie.

Plus rapide

Stationner son véhicule de manière à être toujours prêt à se faufiler dans le flot de la circulation, et ce, en sélectionnant le sélecteur de vitesse en position D est un geste que connaissent fort bien les conducteurs de véhicules d’urgence. Ils se garent en pointant le capot de leur véhicule face au trafic, technique infaillible pour répondre prestement à un appel. Ils s’assurent ainsi de voir, de se faire repérer, d’être compris, d’obtenir un signal coopératif et de filer vitement. Il en est de même pour Monsieur et Madame Tout-le-Monde. Ils savent d’instinct que partir d’avant est systématiquement plus rapide.

Plus commode

L’hiver, quand Dame Nature tapisse le sol de son manteau et que le chasse-neige ensevelit la bordure de rue, il est plus aisé de désembourber le véhicule en marche avant. Il n’est pas impossible d’appliquer la méthode du balancier après avoir désactivé le système de l’antipatinage. Il en va de même sur une chaussée verglacée.

Au demeurant, si la partie antérieure du véhicule fait face à la rue, il sera plus facile de recharger la batterie avec les câbles d’appoint. Il sera aussi plus simple de remorquer un véhicule en s’accrochant au train avant.

Plus efficace

En conclusion, dans toutes les facettes énumérées plus haut, entrer en plein trafic de face s’avère réellement efficace.

Ne jamais reculer: un rêve

Les paragraphes qui précèdent montrent les situations idéales. En raison de l’exigüité de la majorité des entrées, il est irréaliste d’ignorer la marche arrière. Il reste les deux options suivantes.

• De loin la meilleure: reculer d’abord dans l’entrée pour être en mesure de la quitter d’avant, en faisant face au trafic.
• De loin la pire: pénétrer d’avant dans l’entrée pour devoir en sortir à reculons dans la voie de circulation. Question: y a-t-il une équivoque à se faciliter et à se sécuriser une sortie de face, tout en s’astreignant à faire d’abord marche arrière? Aucunement! On ne dit pas que le risque est nul, mais aborder une entrée étroite en marche arrière reste sans conteste plus sûr que de faire irruption dans la circulation à reculons. Et cela se justifie par trois raisons.
• L’automobiliste connait habituellement les dimensions et les particularités de son entrée.
• L’allée est le plus souvent libre de mouvement de circulation.
• Lors d’intempéries, la vision par la lunette arrière est accrue, car le chauffage a permis d’en évaporer gouttelettes d’eau, buée, glace et neige.

Interdits qui confirment la règle

Pour reculer en sécurité dans son entrée, il faut planifier une arrivée par la droite. En effet, hormis dans un sens unique, il serait éminemment dangereux de reculer dans une entrée par la gauche, depuis la partie droite de la chaussée. Pareillement, quand la circulation venant de l’arrière est dense et rapide, s’immobiliser et reculer sur la voie publique est tout à fait suicidaire. Si ce risque vous oblige à pénétrer de face dans votre cour, il importe de tenter, par tous les moyens, d’en sortir de face au moment venu en exécutant prudemment un demi-tour en trois points, aussi appelé demi-tour en Y.

Ce que dit la loi

L’article 417 du code de la sécurité routière est catégorique quant au spectre du recul. Le conducteur d’un véhicule routier ne peut faire marche arrière à moins que cette manœuvre puisse être effectuée sans danger et sans gêne pour la circulation. En outre des chemins publics, le présent article s’applique sur les chemins privés ouverts à la circulation publique des véhicules routiers ainsi que sur les terrains de centres commerciaux et autres terrains où le public est autorisé à circuler.

D’autre part, le site constat-amiable.com (1) se montre on ne peut plus explicite. Quand le constat amiable est correctement détaillé, la responsabilité totale d’un accident de la route est appliquée au seul conducteur qui faisait marche arrière, qui quittait un espace de stationnement ou qui sortait d’une entrée privée. Stationner à reculons est parfois prohibé dans les stationnements intérieurs. Cela permet une lecture plus efficiente de la plaque d’immatriculation. L’intention sous-tend également l’évitement de tacher les murs avec les émanations des gaz d’échappement.

Enfin, précisons qu’il est non moins épineux et proscrit de s’insérer à reculons ET de quitter de face un stationnement à angle. Puisque la circulation convergeant vers ces créneaux est à sens unique, y aller à contresens serait doublement critique. Le véhicule se trouverait alors à l’inverse de la circulation à l’arrivée et au départ.

Pour terminer, n’hésitez jamais à vous faire guider si vous devez reculer dans un environnement incertain ou vers la circulation.

Bonne route !