L’INVENTAIRE DES RISQUES SST – Trucs et astuces pour la réussite PARTIE 2


L’INVENTAIRE DES RISQUES SST – Trucs et astuces pour la réussite PARTIE 2

Vous y êtes maintenant arrivé. Votre inventaire des risques est complété et vous avez établi des familles de risques qui vous permettent de les regrouper (1). Vous en êtes donc à la cinquième étape du processus : établir vos objectifs.

Alain Daoust

L’inventaire des risques est un processus obligatoire en vertu des lois provinciales et fédérale (voir les tableaux 1 et 2.) Il est également la pierre angulaire des normes de gestion de la santé et de la sécurité (SGSST). Mais à quoi servirait cet inventaire sans la mise en place d’objectifs réalistes et d’actions précises pour les atteindre ? Attardons-nous donc à ces aspects cruciaux du programme de prévention de l’entreprise.

Déterminer des objectifs réalistes

Comment s’y prendre pour déterminer des objectifs réalistes ? Est-ce suffisant de dire : cette année nous diminuerons de 10 % notre fréquence d’accidents ! ou bien : Notre plan quinquennal vise une diminution de 5 % de notre fréquence d’accidents chaque année. C’est bien beau tout cela, mais comment prévoyez-vous atteindre cet objectif ? Trop souvent, l’intention de diminuer les accidents prend une forme plutôt floue, sans fondements réalistes sur la situation de l’entreprise. Évidemment, à long terme, des actions précises auront un impact sur les fréquences, mais les objectifs doivent refléter ces actions et faire le lien avec la situation vécue sur le terrain.

Quels sont quelques-uns des critères permettant d’établir des objectifs ayant un impact sur l’élimination des risques repérés lors de l’inventaire ?

1. Préciser les écarts avec la situation souhaitée
Les écarts sont établis en fonction des principaux critères suivants.
a) D’abord, il y a le niveau de contrôle des risques importants. Sommes-nous en maitrise des risques qui peuvent causer un décès ou un handicap permanent à un travailleur (amputation, perte d’un œil, etc.)?
b) Puis viennent les éléments règlementaires applicables, pondérés en fonction des niveaux de risques.
c) Finalement d’autres éléments spécifiques au secteur d’activité tels que les pratiques et éléments techniques en vigueur dans le secteur doivent
être considérés.

2. Cibler les familles de risques  les plus importantes
On tiendra compte des critères précisés en 1, sous les angles suivants.

a) Quelles sont les familles de risques les plus  significatives qui ont été répertoriées lors de l’inventaire des risques ? Si par exemple, sur 100  risques répertoriés, 25  concernent la maitrise des énergies dangereuses et 20  la coactivité des véhicules et des piétons, vous aurez alors des priorités clairement définies. D’abord il y a le programme de cadenassage à considérer et deuxièmement, s’ajoute une révision du dossier de circulation dans l’usine. Les autres risques au répertoire sont peut-être dispersés en plusieurs familles, par exemple la prévention de chutes en hauteur, l’exposition à des produits chimiques ou les risques ergonomiques.

b) Ces risques importants, mais que l’on peut qualifier d’orphelins, c’est-à-dire qu’il n’est pas nécessairement possible de les regrouper dans un programme, seront maitrisés en fonction d’un agenda spécifique et d’un suivi serré.

3. Décider des échéanciers  de mise en œuvre
a) Tenir compte d’abord des niveaux de risques et des couts humains, matériels, opérationnels et financiers reliés à la non-implantation.
b) Tenir compte des éléments règlementaires, par
exemple, un blitz de la CNESST sur la sécurité machine ou le cadenassage.
c) Étudier les diverses solutions possibles qui  permettent de maitriser les risques. Rappelez-vous que plusieurs types de solutions peuvent être acceptables. Il faudra choisir entre elles.
d) Tenir compte de la faisabilité et du temps d’implantation des solutions.
e) Tenir compte des impacts culturels et
organisationnels.
f) Choisir une cadence appropriée aux enjeux globaux de l’organisation. Un rythme trop lent peut tuer le momentum et un rythme trop rapide peut créer un stress et une panique inutiles.

La mise en place des programmes spécifiques

Tout programme SST qui doit être mis en place comporte sensiblement les mêmes composantes. Ces composantes obligatoires découlent des lois et règlements, mais aussi des normes nationales et internationales. Il faut notamment :
a) définir les objectifs ;
b) déterminer le champ d’application;
c) définir les modalités, procédures et spécificités;
d) déterminer les équipements nécessaires ;
e) nommer des responsables ;
f) prévoir les mécanismes de formation et d’information ;
g) inclure les échéanciers d’implantation ;
h) prévoir des mécanismes de surveillance et
d’audit.

La même mise en garde qu’énoncée précédemment s’applique également : un rythme trop lent peut tuer le momentum et un rythme trop rapide peut créer un stress et une panique inutiles. Par exemple, si vous décidez de mettre en place un programme de cadenassage, l’expérience démontre que dans une majorité de cas (2) on note que les ressources allouées, qu’elles soient financières, logistiques ou humaines sont insuffisantes pour compléter le programme en un temps réaliste. Cette situation cause un désintéressement des travailleurs et crée un scepticisme envers l’entreprise et son plan d’action SST. D’autre part, lorsqu’un programme est finalisé il faut le garder vivant.Trop souvent, on oublie d’entretenir sa pérennité via des mécanismes de surveillance, d’amélioration et de formation de rappel.

Notons également que certains programmes sont requis par règlement. Ceux-ci sont généralement reliés au programme de prévention lui-même et permettent d’encadrer les familles de risques. Par exemple, la présence de contaminants requiert un programme de contrôle des produits dangereux de type SIMDUT.

Les autres éléments de la maitrise des risques

Les autres risques qui ont été répertoriés doivent aussi faire l’objet de mesures de contrôle. Les programmes de prévention et de santé en tiendront compte. Par exemple, s’il y a lieu, on devra mettre en place des mesures de surveillance pour certains risques biologiques, des contaminants spécifiques ou des risques à la personne. Dans tous les cas, on  déterminera les critères de surveillance, les échéanciers et les personnes responsables. Les risques orphelins ne doivent pas être des orphelins
sous le rapport de la maitrise opérationnelle.

Qu’avons-nous appris avec ces deux articles ?

Nous pouvons retirer cinq leçons à partir des deux articles, le premier ayant paru dans l’édition de mars de Travail et santé (1).

Leçon un
La maitrise des risques passe d’abord par un inventaire complet. L’inventaire des risques précède tout autre programme ou plan d’action. C’est le plus important programme SST de l’entreprise.

Leçon deux
Tout plan d’action SST, programme de prévention ou de santé, est basé sur l’inventaire des risques.

Leçon trois
Les risques doivent être quantifiés de façon objective, via une évaluation appropriée qui se réfère à des paramètres tels que la dangerosité, la
durée et le niveau d’exposition. Les exigences règlementaires sont également à prendre en considération.

Leçon quatre
Sans objectifs précis, notamment des objectifs d’étapes, il est peu probable que les choses avancent à un rythme régulier.

Leçon cinq
Sans mécanismes de surveillance, on court à une mort prématurée de cet exercice et d’un plan d’action SST efficace.

Êtes-vous prêts maintenant ?