LE POIDS SANTÉ REVISITÉ


LE POIDS SANTÉ REVISITÉ

Outre l’Indice de masse corporelle ainsi que la mesure du tour de taille, d’autres indicateurs permettent de mieux quantifier les risques pour la santé reliés à l’alimentation et aux habitudes de vie. Cette chronique se veut une revue et une mise à jour de ces facteurs oubliés en tenant compte des dernières informations publiées à ce sujet.

Marielle Ledoux

Différents problèmes de santé peuvent aussi bien être reliés au surpoids qu’à un poids insuffisant.

Depuis près de 30 ans, le monde médical utilise l’Indice de masse corporelle ou IMC comme un des indicateurs du risque de développer certains problèmes de santé liés au poids corporel. Une zone d’IMC allant de 18,5 à 25 a dès lors été identifiée pour les adultes de 18 à 65 ans: c’est la zone de Poids Santé qui représente un faible risque de développer ces problèmes de santé. Avec le temps, la circonférence de la taille a été ajoutée pour préciser l’impact de la distribution de la masse grasse et nuancer l’interprétation de l’IMC. Par contre, bien que d’autres facteurs devaient être ajoutés à ces deux mesures pour bien quantifier les risques pour la santé, ils ont trop souvent été ignorés ou minimisés.

Facteurs de modulation

Différents problèmes de santé peuvent aussi bien être reliés au surpoids qu’à un poids insuffisant et sont décrits au tableau 1. Les zones de Poids santé indiquées par l’IMC et le Tour de taille sont des indicateurs d’un risque plus ou moins élevé de développer un de ces problèmes de santé tel qu’indiqué dans le tableau 2. Pour plus d’informations à ce sujet, vous pouvez consulter le document Lignes directrices canadiennes pour la classification du poids chez les adultes — Guide de référence rapide à l’intention des professionnels présenté à la référence 2. Ainsi, plus on s’éloigne vers le haut ou le bas de ces zones optimales, plus le risque s’élève. Par contre, pour bien interpréter le poids santé, il faut tenir aussi compte de facteurs tels l’âge, les habitudes de vie, la condition physique et la présence ou l’absence d’autres problèmes de santé.

Vous pouvez trouver plusieurs réponses à ces questions sur le site de Santé Canada dans le document Lignes directrices pour la classification du poids chez les adultes. Questions et réponses à l’intention du public (3). Essentiellement, les points suivants sont à retenir:
• Cette classification du risque a été développée pour les personnes âgées de 18 ans et plus et n’est pas appropriée pour les personnes en période de croissance.
• L’interprétation doit aussi être nuancée pour les personnes de plus de 65 ans, car à cet âge les risques de malnutrition sont plus importants. De plus, contrairement à ce qui est observé chez les 18 à 65 ans, une étude récente démontre que chez les plus de 65 ans, un léger surpoids avec un IMC de 25,0 à 29,9ou même l’obésité de Classe 1avec un IMC de 30 à 34,9sont associés à un plus faible risque de développer ces problèmes de santé (4).
• Un IMC supérieur à 25 peut être tout à fait normal chez un athlète, qui fait beaucoup de musculation et qui présente une musculature importante. Dans ce cas, cet IMC indique sans doute un surplus de masse musculaire et non un excès de graisse et ne présente donc pas de risque accru. Ceci peut être confirmé par une mesure de la circonférence de taille.
• Un IMC sous les 18,5 est aussi sans risque en période de croissance, ou lorsque le poids est stable depuis longtemps, sans suivre de diètes restrictives ou autres procédures excessives pour le maintenir à ce niveau. Dans un tel cas, cette personne est sans doute naturellement mince et cet IMC n’indique pas nécessairement de risque accru.
• Le tour de taille est un indicateur de la distribution de la graisse corporelle : plus la graisse se retrouve autour de la taille, la forme pomme plus souvent retrouvée chez les hommes, plus le risque de développer des problèmes de santé reliés au poids est élevé. La graisse retrouvée au niveau des fesses et des cuisses, la forme poire, présente plus souvent chez les femmes est associée à un risque moindre.
• Au tableau 2, s’ajoute la mesure du tour de taille dont les limites sont de 102 cm chez l’homme et de 88 cm chez la femme comme le démontre le tableau 3. L’ajout du Tour de taille à l’IMC permet de préciser l’importance de l’excès de poids sous forme de graisse distribuée au niveau de la taille tel que démontré dans le tableau 3 tiré du site de Santé Canada (2).
• L’IMC et le tour de taille sont des mesures qui ont d’abord été développées pour les adultes. Ce n’est que récemment que divers auteurs ont proposé des classifications adaptées pour les enfants et les adolescents. Même si très peu de données existent, le rapport Surveillance du statut pondéral mesuré chez les jeunes au Québec : état de la situation jusqu’en 2013 publié récemment nous montre une hausse importante de plus du double de la prévalence des enfants et des adolescents québécois présentant un surplus de poids entre 1981 et 2009, bien que le tout semble s’être stabilisé entre 2004 et 2009-2013. De plus, l’obésité abdominale démontre aussi une augmentation, surtout chez les adolescentes, sans que celle-ci soit précisément quantifiable pour l’instant puisqu’on possède moins de données à ce sujet.

En conclusion, une partie de la population québécoise a modifié ses habitudes alimentaires et d’activité physique depuis quelques années ce qui permet de voir une stabilisation du poids corporel et de la distribution de graisse. Information intéressante lorsqu’on observe que cette tendance est aussi observée chez les jeunes, présage d’une meilleure prévention de certains problèmes de santé associés au poids corporel. Cependant, bien que limiter la hausse du surpoids soit un objectif louable, il faut aussi éviter de tomber dans l’excès contraire et de rechercher une insuffisance de poids qui peut aussi être associée à d’autres problèmes de santé. Enfin, il est aussi important de considérer les caractéristiques des groupes auxquels on s’adresse pour bien nuancer nos propos comme le démontre le fait que les ainés sont protégés par un léger surpoids contrairement aux jeunes adultes.


Références bibliographiques

1. [http://www.hc-sc.gc.ca/fn-an/nutrition/weights-poids/guideld-adult/cg_quick_ref-ldc_rapide_ref-table1-f] Consulté le 16 septembre 2016.

2. [http://www.hc-sc.gc.ca/fn-an/alt_formats/hpfb-dgpsa/pdf/ nutrition/cg_quick_ref-ldc_rapide_ref-fra.pdf] Consulté le 16 septembre 2016.

3.  [http://www.hc-sc.gc.ca/fn-an/nutrition/weights-poids/guideld-adult/qa-qr-pub-fra.php]

4.  Cheng FW, Gao X, Mitchell DC et al. Body mass index and allcause mortality among older adults. Obesity (2016) 00, 00-00. doi : 10.1002/oby.21612

5.  Lamontagne P. et Hamel D. Surveillance du statut pondéral mesuré chez les jeunes du Québec : état de situation jusqu’en 2013. Institut National de Santé Publique du Québec. Bureau d’information et d’études en santé des populations. Publication No. 2142. 2016. Ce document est disponible intégralement en format électronique (PDF) sur le site Web de l’Institut national de santé publique du Québec au : [http://www.inspq.qc.ca]

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