ORGANISATION DU TRAVAIL

LE RÔLE DU PATRONAT
dans l’intégration professionnelle
des travailleurs étrangers

 

Rainer Ricardo 1

Yaniel Torres 2

L’intégration des personnes immigrantes sur le marché de l’emploi passe par une meilleure coordination des actions au niveau des gouvernements, des individus, et des entreprises. Nous sommes d’avis que l’utilisation d’un domaine comme la santé et la sécurité en entreprise pour favoriser l’intégration est un vecteur à explorer.

 

Selon la travail dans les entreprises québécoises doivent viser «l’élimination à la source même des dangers pour la santé, la sécurité et l’intégrité physique des travailleurs» (Art. 2, LSST).

L’application de cette loi, en milieu de travail, a généralement porté sur la prévention des blessures et des maladies tangibles, voire physiques, matérielles et observables. Depuis l’adoption de la LSST, les concepts de sécurité et de santé dans le milieu du travail se sont élargis pour inclure d’autres catégories de blessures et de maladies qui possèdent, pour ainsi dire, des caractéristiques intangibles. Pour illustrer ce fait, nous faisons appel à la définition que propose l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) du concept de « santé ». Ainsi, selon l’OMS, « la santé est un état de complet bienêtre physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité». Contrairement à ce que l’on pourrait penser, cette définition n’a pas subi de modification depuis sa création en 1946 (1). Par conséquent, il est approprié de considérer que les entreprises québécoises, sont tenues de veiller sur la santé et la sécurité (tangibles et intangibles) de leurs employés et de réduire les dangers à la source.

Certes, la question de la «source» est complexe et mérite d’être traitée avec rigueur ailleurs que dans cet article. Nous voulons ici souligner la responsabilité des entreprises québécoises à veiller sur la santé et la sécurité de leurs travailleurs, et ce, dans une conception élargie.

La norme BNQ 9700-800

Le Québec s’est doté de normes qui promeuvent la santé et la sécurité des travailleurs québécois. La norme BNQ 9700­800 – «Prévention, promotion et pratiques organisationnelles favorables à la santé en milieu de travail», mieux connue dans le milieu par l’appellation «Entreprise en santé», constitue une référence dans l’adoption de bonnes pratiques en santé et sé­curité. Toutefois, cette norme tend à responsabiliser davantage les employées vis­à­vis leur santé, et un peu moins les entreprises, alors qu’il s’agit, dans les faits, d’une responsabilité partagée. Qui plus est, cette norme ne fait aucune mention des aspects intangibles faisant partie de la définition proposée par l’OMS.

Vers une vision élargie du concept de SST

L’objectif de cet article est d’aborder cet élargissement conceptuel en tenant compte d’une population de travailleurs qui, à notre avis, est particulièrement vulnérable dans les entreprises québécoises: les travailleurs étrangers, ces travailleurs et travailleuses issus d’une culture autre que celle de la société d’accueil. Bien que l’intégration des travailleurs étrangers à la société d’accueil puisse représenter un défi majeur pour tous les acteurs impliqués, nous aspirons ici à démontrer que le milieu de travail est l’endroit à privilégier en matière d’intégration et de francisation. Nous offrons ici quelques pistes de réflexion sans toutefois réinventer la roue.

La pénurie de main-d’œuvre au Québec et les travailleurs étrangers

Le Québec traverse actuellement une crise d’employabilité liée à la pénurie de maind’œuvre dans certains secteurs­clés de l’économie. C’est au moins le constat que l’on peut tirer de l’actualité. À l’origine de cette crise, il y aurait deux facteurs fondamentaux. Tout d’abord, le déclin du nombre de personnes ayant de la capacité de travailler (15­64 ans) est à l’origine d’une pénurie de main­d’œuvre locale. La demande de travailleurs dépasse ainsi l’offre de travailleurs disponibles sur le marché.

Ensuite, la croissance économique des dernières années tend à accroitre la demande d’employabilité ainsi que le nombre de postes à combler dans certains secteurs de l’industrie québécoise. Ces deux éléments se combinent pour esquisser les contours de la crise qui touche plus particulièrement les régions du Québec, dont la Chaudière­Appalaches, l’AbitibiTémiscamingue, la Capitale­Nationale et le Centre­du­Québec (2).

Les effets de cette crise sur le marché de travail sont multiples. En effet, cette pénurie de main­d’œuvre a un impact direct sur la rentabilité des entreprises, car le manque de travailleurs se traduit par des pertes économiques importantes. Par conséquent, à moins que l’on trouve des solutions rapides à cette problématique, le développement et l’expansion de certaines entreprises québécoises se trouveront ralentis dans les prochaines années. Dans certains secteurs, les entreprises sont obligées d’adopter des mesures draconiennes pour maintenir leurs activités productives. Certains commerçants sont forcés de sélectionner leur clientèle question de pouvoir livrer les marchandises à temps et s’assurer leur part du marché. D’autres ferment tout simplement leurs portes faute de travailleurs (3). Les heures supplémentaires, si elles peuvent aider à résoudre certaines problématiques liées à la productivité, peuvent aussi en créer d’autres, plus significatives, à long terme.


Les répercussions sur la santé et la sécurité

Dans un tel contexte, la probabilité d’accidents s’accroit exponentiellement, puisque les travailleurs sont davantage exposés à la fatigue et à l’épuisement. La documentation montre effectivement que la fatigue est à l’origine des problématiques importantes comme la faible productivité, les accidents de travail, les problèmes de santé mentale, l’absentéisme, le pré­sentéisme, et bien d’autres (4). Finalement, cette pénurie de main­d’œuvre augmente la compé­titivité entre employeurs et fragilise la solidarité sociale. Certaines stratégies, perçues comme déloyales, peuvent être utilisées par les employeurs pour attirer une main­d’œuvre qui est insuffisante. À juste titre, le maraudage est en train de devenir une pratique courante dans certains secteurs industriels, comme celui de la
restauration.

Une vision différente de la problématique

Les entrepreneurs québécois et le gouvernement du Québec ne partagent guère la même vision sur les alternatives possibles. Alors que le Patronat fait pression sur les  gouvernements provincial et fédéral pour que le processus d’embauche des travailleurs étrangers soit allégé, le gouvernement souhaite, pour sa part, limiter le nombre d’immigrants avec l’objectif de canaliser les efforts et les ressources du gouvernement vers les services d’accueil et d’intégration de nouveaux arrivants. Toutefois, comme il est impossible d’ignorer les effets de la crise actuelle, le gouvernement amorce un «virage majeur» avec le programme Arrima afin de répondre aux demandes du marché de l’emploi (5). Certes, faire venir des travailleurs étrangers pour combler des besoins en entreprises est une bonne initiative à court terme, et surtout dans une perspective économique, mais, que fait­on de ces travailleurs étrangers, résidents et/ou saisonniers une fois embauchés dans les entreprises québécoises? Quels sont les efforts que les entreprises québécoises et le gouvernement du Québec favoriseront lorsqu’il s’agira de veiller sur la santé, la sécurité et le bienêtre de ces travailleurs étrangers? Est­-ce que le milieu de travail peut devenir le milieu à privilégier en termes d’intégration professionnelle et sociale de nouveaux arrivants?

Dans un article publié précédemment (6), nous avions soulevé que les travailleurs étrangers constituent une population vulnérable sur le marché du travail et que cette vulnérabilité le marché du travail et que cette vulnérabilité résulte, entre autres, de leurs faibles compé­tences linguistiques et socioculturelles. À cela s’ajoute leur faible connaissance des droits et des normes associés au milieu de travail dans leur domaine d’activité. Cela explique, sur le plan statistique, que les accidents de travail sont plus fréquents chez les travailleurs étrangers. La prise en charge de cette population vulnérable dans le milieu de travail devient non seulement une nécessité, mais aussi une manière d’assurer leur intégration à la vie professionnelle et sociale. Le rôle du Patronat dans ce processus est pour le moins vital. Les entreprises québécoises gagneraient à créer des espaces et des opportunités destinés à ces travailleurs étrangers.

Une responsabilité partagée entre trois acteurs

Le gouvernement du Québec a raison d’insister sur la nécessité d’intégrer les nouveaux arrivants à la société québécoise. Le taux de francisation chez ces derniers laisse à désirer,
surtout dans la région de Montréal. Nous sommes d’accord avec la position adoptée par le gouvernement en ce qui a trait à la francisation et à l’accompagnement de travailleurs étrangers. Toutefois, notre démarche réflexive va un peu plus loin que celle exprimée récemment. Alors que le gouvernement propose une «responsabilité partagée» à deux piliers, l’État et les immigrants (7), nous convenons qu’il faut ajouter à cette équation un troisième acteur: le Patronat. Nous y reviendrons.
La réflexion sur la collaboration à trois piliers doit débuter nécessairement avec le constat que le processus d’intégration de nouveaux arrivants à la société rencontre, généralement, de nombreux obstacles qui échappent au contrôle de l’État, ainsi qu’à leur bonne volonté d’intégration. Il est fort probable que ces nouveaux travailleurs soient généralement surqualifiés, démotivés, stressés et épuisés. Ils peuvent aussi être dépassés sur les plans linguistique,
socioculturel, expérientiel, interpersonnel et professionnel. Ces travailleurs étrangers se
rendent rarement compte qu’ils vivent un choc culturel et qu’ils ne sont pas outillés pour y
faire face. Le premier réflexe est de se regrouper entre eux. Ils ont ainsi tendance à entretenir un cercle vicieux duquel ils pourront difficilement se sortir par la suite, et ce, malgré la bonne volonté de l’État et les nombreux services disponibles. C’est pourquoi nous considérons que le milieu de travail est un endroit à privilégier dans les efforts d’intégration des travailleurs étrangers à la société québécoise. La responsabilité à l’égard de ces travailleurs se doit d’être réellement partagée par le gouvernement, les nouveaux arrivants et les entreprises québé­coises. Ce faisant, il faut commencer sérieusement à réfléchir sur la manière dont les entreprises peuvent contribuer au développement des compétences de leurs travailleurs étrangers, soient­ils résidents ou saisonniers, ainsi qu’à leur intégration professionnelle et sociale. La Figure 1 montre le cercle vertueux de collaboration entre ces trois acteurs.

L’idée que nous défendons ici est la suivante: le milieu du travail est aujourd’hui l’endroit à privilégier lorsqu’il s’agit de favoriser l’intégration professionnelle et sociale des travailleurs
étrangers. Ne dit­on pas que l’immigration est le parcours du combattant ? La plus grande partie de ce parcours ne se réalise­t­il pas dans le milieu de travail? En effet, c’est par le travail que les nouveaux arrivants reprennent leurs vies dans la société d’accueil, nourrissent leurs enfants et contribuent au bienêtre économique de leurs familles. Une intégration professionnelle réussie peut donc être synonyme d’inté­gration sociale si l’on considère que le travail, en tant qu’activité collective, favorise à la fois le développement économique et la solidarité sociale de nos sociétés.

Le cercle vertueux de collaboration: premier mouvement

Pour sortir de la crise actuelle, le Québec doit trouver des solutions rapidement. Et tout
semble indiquer que la solution à court terme est d’accueillir un nombre significatif de travailleurs étrangers et de les rediriger vers les secteurs industriels touchés par la pénurie de main ­d’œuvre. Selon une étude menée par Desjardins, le marché de l’emploi au Québec
a besoin de travailleurs non qualifiés pour répondre à la demande des secteurs plus manuels, notamment le secteur agroalimentaire. La force de travail employée dans ce secteur provient généralement de l’Amérique du Sud, plus particulièrement de l’Amérique Centrale. Ces travailleurs étrangers, même s’ils sont temporaires, jouissent de mêmes droits que les travailleurs du Québec. Autrement dit, les employeurs québécois ont des responsabilités et des obligations à leur égard et, par conséquent, doivent veiller sur leur santé, leur sécurité et leur bienêtre. La CNESST offre actuellement des séances d’information en espagnol aux travailleurs saisonniers du milieu agricole, sur leurs droits et leurs obligations, mais il faudrait leur apporter un accompagnement plus soutenu, surtout lorsque les éléments socioculturels peuvent affecter la perception que ces travailleurs peuvent avoir des risques et des
accidents en milieu de travail. La publication des documents officiels en ligne est aussi une bonne initiative, mais il se peut que la réelle compréhension de cette information soit un défi important pour des travailleurs étrangers sous ­scolarisés. Nous considérons que les entreprises québécoises pourraient assumer plus de responsabilités à leur égard et diriger certaines de leurs ressources vers un soutien plus
ciblé de leurs travailleurs étrangers.

Pour avancer dans cette direction, un changement d’imaginaire s’impose au sein de l’entreprise. En effet, les entreprises québécoises devront prendre très au sérieux l’idée selon laquelle l’investissement dans le développement des compétences des travailleurs, à la fois professionnelles (savoir­faire) et personnelles (savoir­être), s’avère rentable à court et à long terme. Prenons comme exemple le cas de l’apprentissage de la langue française en tant que langue seconde dans une entreprise à tendance multiculturelle. Les employeurs qué­bécois s’attendent à ce que cette main­d’œuvre soit pour le moins francisée.

Or, si l’on souscrit à la thèse du déclin du français au Québec, il faut assumer que la francisation des nouveaux arrivants en dehors du contexte de travail ne semble pas très efficace. Très souvent, les nouveaux arrivants doivent choisir entre la francisation et un meilleur salaire dans une entreprise dont l’activité productive ne requiert pas des compétences linguistiques. C’est ainsi que le problème d’intégration s’accentue progressivement. Les entreprises peuvent contribuer à briser ce cycle en francisant leurs travailleurs étrangers durant les heures de travail. Elles pourraient ainsi favoriser leur intégration à la vie professionnelle et sociale et, par ricochet, assurer leur santé, leur sécurité et leur bienêtre. En effet, l’apprentissage de la langue française en milieu de travail peut être jumelé à la compréhension et l’inté­gration des normes, des règles et des codes de santé et de sécurité. D’autres thématiques peuvent aussi s’avérer très pertinentes dans une entreprise multiculturelle, comme les relations de genre, les conflits en contexte multiculturel, les valeurs de la société d’accueil, etc.

Bref, le début de la vie professionnelle ne devrait pas se traduire par la fin du processus de francisation et d’intégration à la société d’accueil. Malheureusement, c’est ce qui arrive le plus souvent. Certes, le gouvernement du Québec offre des services de francisation aux entreprises, mais nous considérons que l’État doit céder un peu plus de place au milieu des affaires dans la poursuite de ces objectifs. Cela serait bénéfique à la fois pour l’État et pour les entreprises. Pour responsabiliser davantage le milieu des affaires, le gouvernement doit savoir déléguer, soutenir et encourager les initiatives privées qui vont dans la direction souhaitée. Autrement dit, les entreprises investissant dans le développement des compétences professionnelles et personnelles de leurs travailleurs étrangers devraient recevoir l’appui inconditionnel du gouvernement. Le Tableau 1 propose quelques initiatives qui vont dans la direction exprimée préalablement.

Conclusion

En conclusion, nous aimerions réitérer les trois idées qui traversent en filigrane cet article. La première idée que nous épousons ici affirme  que les travailleurs étrangers, saisonniers comme permanents, sont vulnérables aux problématiques de santé et de sécurité au travail, et ce, dans une conception élargie de ces concepts clés (bienêtre). Ces nouveaux arrivants, dont les profils sont très divers, intègrent le marché de travail québécois sans avoir développé au préalable les compétences, à la fois professionnelles et personnelles, leur permettant de bien s’intégrer au contexte de travail et à la société d’accueil. L’accumulation des expériences né­gatives liées au monde du travail accentue la démotivation, l’isolement et la radicalisation des comportements. Bref, la souffrance rattachée au processus d’immigration peut se transposer au milieu de travail. Deuxièmement, nous avons cherché à démontrer que le milieu de travail est aujourd’hui l’endroit à privilégier lorsqu’il est question de favoriser à la fois l’intégration et la francisation des travailleurs étrangers au sein des entreprises québécoises.

Finalement, nous considérons que le développement des compétences (savoir-­faire et
savoir­-être) est la bonne attitude à adopter en ce qui concerne la francisation et l’intégration des travailleurs étrangers. Les retombées de cette attitude ne peuvent qu’être bénéfiques. Diminution du nombre de conflits au travail, diminution du niveau stress et des tensions, meilleure compréhension des normes de travail, réduction des erreurs et des accidents de travail, une amélioration du bienêtre des travailleurs (motivation, productivité, engagement, innovation, etc.).


 

1 – Rainer Ricardo – M.A, CANDIDAT AU DOCTORAT EN SCIENCES POLITIQUES, UNIVERSITÉ DE MONTRÉAL [rai.ricard@gmail.com]
2 – Yaniel Torres – ING, M.ING, M. SC., COFONDATEUR DU RÉSEAU D’ÉCHANGE EN SANTÉ, SÉCURITÉ ET ENVIRONNEMENT (RESSE) [yanieltm@yahoo.es]

Références bibliographiques

    1. Organisation mondiale de la Santé (OMS). (1946), Préambule à la Constitution de l’Organisation mondiale de la Santé. Conférence internationale sur la Santé, New York, 19 juin-22 juillet 1946. [https ://www.who.int/fr/about/who-we-are/frequently-askedquestions]. Vérifié le 4 avril 2020.
    2. Schmouker, Olivier. (2019), Tout, tout, tout sur la pénurie de maind’oeuvre au Québec, Les Affaires, 13 mars 2019. [https: //www.lesaffaires. com/blogues/l-economie-en-version-corsee/tout-tout-tout-sur-lapenurie-de-main-d-oeuvre-au-quebec/608829]. Vérifier le 4 avril 2020.
    3. Girard, Mario. (2019), Au coeur de la pénurie de main-d’oeuvre du Québec, La Presse, 17 juin 2019. [https : //www.lapresse.ca/actualites/201906/16/01-5230436-au coeur-de-la-penurie-demain-doeuvre-du-quebec.php]. Vérifié le 4 avril 2020.
    4. Torres, Yaniel. (2018), Horaires atypiques et augmentation du risque d’accidents, Travail et santé, Vol. 34, No. 3.
    5. Fortier, Marco. (2019), Avec Arrima, « nouveau départ » pour le système d’immigration, Le Devoir, 28 juin 2019. [https : //www.ledevoir.com/politique/quebec/557581/avec-arrima-nouveau-depart-pourle-systeme-d-immigration]. Vérifié le 4 avril 2020.
    6. Ricardo, Rainer et Yaniel Torres. (2019), Le multiculturalisme en contexte de travail au Québec : l’entreprise mondialisée, Travail et santé, Vol. 35, No. 3.
    7. Porter, Isabelle. (2019), La réforme caquiste en immigration va demander du temps, Le Devoir, 7 septembre 2019. [https : //www.ledevoir.com/politique/quebec/562136/immigration-la-reformecaquiste-va-demander-du-temps]. Vérifier le 4 avril 2020