Les ANGLES MORTS sous un nouvel angle

Les ANGLES MORTS sous un nouvel angle

Discutons aujourd’hui des fameux angles morts.  Que devons-nous penser des récentes innovations sur le marché  permettant de les détecter ? Et que dire des trucs maison  que certains pratiquent plus ou moins aléatoirement ?

Denis Corriveau

En prime, je me fais le plaisir de traiter du rétroviseur convexe que de petits futés appliquent dans celui déjà existant. S’agit-il de gadgets qui font disparaitre subito les angles morts d’un coup de baguette? Un peu, beaucoup, pas du tout?

Une récapitulation s’impose

En premier lieu, voici une juste définition de l’angle mort, c’est la zone hors du champ de vision du conducteur. Elle est présente de part et d’autre du véhicule aux endroits où ni la vision périphérique ni celle réfléchie par les rétroviseurs ne laissent voir s’il s’y trouve une automobile, une motocyclette, un vélo ou un piéton. Il est tout à fait logique qu’une vérification s’effectue au moment d’un changement de voie, d’une entrée sur autoroute, d’un dépassement, d’une déviation, d’un virage en circulation urbaine, surtout à droite, ou d’une intégration au trafic en quittant un stationnement en parallèle. Hélas, il faut admettre que c’est autre chose dans la pratique, car la loi du moindre effort cherche constamment à régner dans la jungle routière.

Coup d’œil à la zone aveugle

Jeter un coup d’œil par-dessus l’épaule pour se précautionner que l’espace est libre, représente la procédure traditionnelle. Mais attention, car tradition n’est pas synonyme de désuétude et nécessité de changement. Pivoter promptement la tête sur la droite ou sur la gauche sans décoller les épaules du dossier du siège est très bien. À vrai dire, sous deux conditions: la rapidité du coup d’œil, avant l’insertion dans la zone convoitée. Il semble que ce soit toute une évidence. Pourtant ce n’est pas le cas pour tout le monde. Je conçois néanmoins que cet exercice exige souvent une éprouvante contorsion aux personnes possédant une flexibilité réduite du cou et à celles de petite ou de grande taille respectivement pour la vérification à droite et à gauche.

Tout compte fait, admettons que ça requiert conviction et discipline. Dans le monde de la sécurité routière, l’expression coup d’œil remplace le mot regarder.

Ouverture des rétroviseurs vers l’extérieur

Depuis quelques années, je suis témoin d’une nouvelle façon de placer les rétroviseurs. Si la stratégie conventionnelle consiste à les positionner de manière à voir un peu la poignée de porte du véhicule, certains les ouvrent sans ménagement vers l’extérieur. L’idée est de couvrir plus largement les côtés pour éliminer les angles morts.

Cependant, deux principaux dangers assombrissent cette pratique, le premier étant de les ouvrir trop grandement. Le conducteur doit s’assurer de juxtaposer les images projetées par les trois rétroviseurs pour qu’ils reflètent un panorama continu. Par exemple, si un véhicule disparait de la vision transmise par celui du centre, c’est celui de droite ou de gauche qui prend le relais.

Un autre danger est de croire à l’infaillibilité de cette méthode. Malgré la réduction de l’angle mort, une partie non visible subsiste. Peuvent toujours s’y cacher un véhicule de petit gabarit, une motocyclette, une bicyclette ou un piéton.

 

Rétroviseur convexe additionnel

Qu’il soit encollé au miroir par le conducteur lui-même, ou y ait été prévu par le manufacturier, le rétroviseur convexe de forme ronde, ovoïde ou trapézoïde a la cote. Nul n’est contre la vertu. Il agrandit la vision de la zone latérale, annihilant l’angle mort.

Mais prenez garde, car les rétroviseurs convexes sont trompeurs. Ils laissent croire que les objets sont plus éloignés qu’ils ne le sont en réalité.

Si vous voulez coller vous-même un rétroviseur convexe dans celui déjà existant, ayez soin d’en choisir un de petite dimension et fixez-le dans le coin extérieur-bas. Soyez aussi au fait que le système de chauffage de vos rétroviseurs n’est d’aucune efficacité sur le dégivrage ou le déglaçage de ceux-ci. De plus, en prenant une place non prévue par le manufacturier, le nouvel élément obstrue à coup sûr une partie importante de l’image reflétée.

N’oubliez jamais de considérer cette petite note quand elle est inscrite dans le rétroviseur : Objects in mirror are closer than they appear.

Capteurs par ultrasons ou par radar

Plusieurs véhicules sont maintenant munis de capteurs indiquant la présence de danger dans la zone des angles morts latéraux. Quand le conducteur actionne le clignotant et que l’espace convoité est occupé, un témoin lumineux rouge ou jaune et/ou un signal audio le préviennent. Sur certains modèles de voiture, le volant ou le siège vibre. Voilà un véritable apport technologique efficace pour diminuer les collisions collatérales et arrière, car il en existe aussi pour informer de la présence d’un obstacle situé derrière le véhicule. La fréquence des bips sonores augmente à mesure que le véhicule s’y approche.

Capteurs par caméra

Une autre nouveauté équipe de plus en plus de véhicules. Il s’agit d’une caméra placée au côté droit pour visualiser la zone masquée. Le conducteur peut alors couvrir cet endroit en pivotant, à peine, la tête pour jeter un bref coup d’œil à l’écran situé au tableau de bord. Il doit toujours accomplir le geste prestement en s’assurant d’interpréter justement la distance le séparant du danger potentiel.

Pareillement, pour savoir ce qui se passe quand il recule, une caméra peut être placée à l’arrière. Cette innovation accroit de plus l’appréciation de l’espace restante à parcourir. Si par bonheur le véhicule est équipé d’une caméra à grand-angle, le conducteur pourra voir, en prime, tout ce qui peut arriver d’un côté ou de l’autre. Il s’agit d’un outil cinq étoiles, quand on pense aux dangers pouvant surgir sans crier gare au moment de la sortie d’un corridor étroit à visibilité latérale nulle. Ajoutons qu’il est possible de faire poser des caméras d’appoint en vente chez les détaillants de pièces d’automobile.

En terminant

Il faut souhaiter la bienvenue aux nouvelles technologies qui permettent véritablement de réduire les accidents de la route. Contrairement à la pensée populaire, elles ne rendent pas le conducteur paresseux, mais accroissent plutôt l’efficacité de ses actions préventives et défensives. Pour ce, il s’avère nécessaire de considérer quatre conditions: (1) leur faire confiance (2) en les connaissant mieux (3) afin de reconnaitre leurs limites, et (4) de les respecter. C’est surtout à cette dernière condition que l’on peut identifier un conducteur émérite. Pour conclure, je me permets une pensée pour les chauffeurs d’autobus, de camion et de poids lourd: les angles morts autour de leur véhicule sont énormes. Malheureusement, certains leur sont indétectables. À nous d’éviter de nous y insérer.

Bonne route.