Méthode de travail sécuritaire dans un vide sanitaire


Méthode de travail sécuritaire dans un vide sanitaire

Un vide sanitaire est un espace accessible ou non, situé entre le sol et le premier plancher d’un bâtiment. Généralement, on trouve dans ces espaces des contaminants qui peuvent présenter un risque pour la santé des travailleurs qui y effectuent des travaux, mais également un risque potentiel pour les occupants des locaux adjacents.

Nicolas Millot

Un vide sanitaire peut mesurer de quelques dizaines de centimètres de hauteur jusqu’à moins de 1,80mètre et n’est pas considéré comme un espace aménageable puisqu’il fait office d’espace tampon entre le sol et le premier plancher du bâtiment. Un vide sanitaire est un espace dans lequel on retrouve habituellement des éléments de plomberie, des conduits de ventilation et du câblage et, en temps normal, il ne devrait pas être accessible. La présence d’un vide sanitaire dans une construction affranchit cet ouvrage de tout désordre lié à l’humidité latente du sol, à la présence de nappe phréatique, au risque d’inondation et à d’éventuels mouvements du sol. Il apporte à l’ouvrage la salubrité d’un espace tampon, toujours tempéré soit d’environ 10°C tout au long de l’année, dont le volume d’air constamment renouvelé grâce à la ventilation naturelle, assure la salubrité d’une zone capitale pour la pérennité de la construction.

Les contaminants de l’air

Les contaminants de l’air susceptibles d’être présents dans un vide sanitaire sans s’y limiter sont essentiellement des moisissures, des bactéries, des fibres pouvant ou non contenir de l’amiante, et du radon.

Un vide sanitaire ne doit pas être considéré comme un lieu d’entreposage. On ne doit pas retrouver de la matière cellulosique, tel que des boites de carton susceptibles de favoriser le développement de moisissures, des produits inflammables, des bonbonnes de propane, des bidons de peintures ou toutes autres matières résiduelles ou dangereuses.

Un vide sanitaire ne doit pas être en pression positive. Au contraire il devrait être maintenu en pression négative. Ainsi, s’il y a présence de contaminants, ceux-ci seront conservés dans le vide sanitaire et ne migreront pas vers les locaux adjacents par le biais d’ouverture liées à la plomberie ou au câblage.

Idéalement, un vide sanitaire doit être ventilé pour créer une pression négative et chasser l’humidité. La ventilation d’un vide sanitaire peut se faire de façon naturelle, ou passive, via des ouvertures vers l’extérieur, ou de façon mécanique. La présence d’humidité peut dégrader les isolants mécaniques susceptibles de contenir de l’amiante et émettre avec le temps des fibres dans l’air ambiant.

La présence d’efflorescence est parfois observée sur les surfaces des murs mais cela ne représente pas un risque à la santé. L’efflorescence est un dépôt cristallin, une accumulation de minéraux et de sels, généralement blanc, qui apparait en présence d’humidité sur des produits de construction qui contiennent du ciment Portland, du ciment à maçonner ou de la chaux. Elle donne souvent une apparence délavée, tachetée ou décolorée. Elle indique la présence d’excès d’eau pouvant conduire à des problèmes structurels plus sérieux.

Espace restreint ou espace clos ?

Au Québec, il n’y a pas de règlementation spécifique pour réaliser un travail sécuritaire dans un vide sanitaire. Ainsi, pour la plupart des personnes concernées, un vide sanitaire est considéré par défaut comme un espace clos. Il en résulte souvent un certain flou concernant les procédures de travail sécuritaires à appliquer lorsque l’on effectue des travaux dans un vide sanitaire. De plus, il n’y a aucune ligne directrice permettant de faire une analyse des risques avant de rentrer dans un vide sanitaire.

Si on regarde la règlementation dans d’autres provinces canadiennes, on retrouve, en Colombie Britannique une règlementation établit par WorkSafeBC. Ainsi, le vide sanitaire peut être exclu de la définition d’un espace clos si tous les critères suivants sont rencontrés.
• Le design, la construction, la localisation et l’usage prévu de cet espace assure un air respirable acceptable en tout temps, soit avec un pourcentage en oxygène avoisinant les 20,9 %, aucun gaz ou vapeur inflammable, ainsi qu’aucun contaminant de l’air dont la concentration excède 10 % des valeurs d’exposition admissible de la règlementation en vigueur.
• L’espace doit avoir un volume intérieur minimalement de 64 pi3 (1,81 m3) par occupant.
• L’espace doit avoir des ouvertures vers l’extérieur qui permettent un apport d’air frais provenant de la ventilation naturelle.
• Il ne doit pas y avoir de risque pour la santé et ni la sécurité des travailleurs tel que l’on peut retrouver dans un espace clos.
• L’apport d’air par une ventilation mécanique, ou une purge de l’air n’est pas requise pour rentrer dans cet espace pour quelque raison qu’il soit.
• Il ne doit pas y avoir de substances dangereuses provenant de l’air, du sol, de la structure, ou des calorifuges qui infiltrent l’air de cet espace.
• L’espace doit être dépourvu de matières résiduelles comme des déchets ou autres débris qui puissent générer des contaminants pouvant immédiatement affecter la santé des travailleurs.
• Il n’y a pas de risque de prise au piège ou d’engloutissement des travailleurs.
• Le vide sanitaire ne doit, en aucun temps, contenir de composantes, d’équipement ou d’objet pouvant générer des contaminants qui pourraient affecter la santé des travailleurs.

Lorsque l’ensemble de ces critères d’exclusion sont rencontrés et que la situation est documentée, l’employeur, en toute connaissance de cause et en accord avec les travailleurs ainsi que le représentant en santé sécurité, pourrait alors définir cet espace comme un espace non confiné.

Mentionnons que ces critères d’exclusion pourraient également s’appliquer à une piscine, un grenier, une excavation, un plénum, ou un puit d’ascenseur.

En Ontario, les espaces clos sont catégorisés par l’Ontario Health and Safety Act (OHSA) selon la classification établie dans le document «Working in confined space» par le National Institute for Occupational Safety and Health (NIOSH). Cette classification est utile pour définir les types de risque dans les espaces clos et permet établir les mesures préventives selon le type de risque.

Cette classification, présentée au tableau 1 définit trois niveaux de risque.

En résumé, en Ontario, un vide sanitaire est catégorisé dans la Classe B parce que l’oxygène est présent en concentration suffisante et qu’il y a absence de gaz inflammables ainsi que de gaz qui pourraient être dangereux immédiatement pour la vie ou la santé (DIVS).

Cependant, à cause de l’humidité, il y a souvent présence de moisissures dans l’air. Également, comme on retrouve parfois des conduites d’eau isolées avec des calorifuges contenant de l’amiante, celles-ci avec le temps se détériorent et peuvent libérer des fibres d’amiante dans l’air. Les moisissures et l’amiante ne causent pas d’effets aigus aux travailleurs, mais pourraient causer des maladies graves à long terme.

Procédure sécuritaire

Avant de réaliser des travaux dans un vide sanitaire, le responsable du bâtiment ou son représentant devrait être en mesure de fournir une procédure sécuritaire aux travailleurs assignés aux travaux.

Il serait recommandé de colliger l’ensemble de l’information et de rédiger une procédure sécuritaire afin de prévenir les risques à la santé des travailleurs mais également les risques de contaminer l’environnement adjacent. Les renseignements suivants, sans s’y limiter, sont les suivants:
• les caractéristiques physiques du vide sanitaire (type de sol, hauteur plafond, matériaux présents, eau stagnante, odeurs, etc.;
• les accès et leurs dimensions;
• la ventilation naturelle et/ou mécanique;
• la présence de matières résiduelles domestiques, ou dangereuses;
• la présence de calorifuge en amiante (Registre sur la gestion sécuritaire de l’amiante);
• la condition des matériaux;
• la liste des dangers qui y sont associés comme les moisissures, les rongeurs, ou l’amiante;
• les autres dangers comme les risques électriques, ou les écoulements;
• les équipements de protection individuelle requis.

De plus, cette procédure devrait couvrir les actions et les équipements requis en cas de situation d’urgence.

Une telle procédure devrait être rédigée par un professionnel en hygiène du travail ou en santé et sécurité du travail qui aura, au préalable, réalisé une inspection des lieux et aura colligé toutes les informations pertinentes.