Odeur de gaz et risque d’EXPLOSION


Odeur de gaz et risque d’EXPLOSION

La règlementation québécoise (RSST) (1) précise pour les gaz et les vapeurs inflammables que la limite inférieure d’explosivité (LIE) doit être maintenue en dessous de 25% sauf en espace clos où cette limite doit être inférieure ou égale à 10%. Mais comment être certain de pouvoir respecter cette norme et garantir la sécurité des travailleurs en cause ?

Christian Rousseau

L’étalonnage joue un rôle essentiel pour s’assurer de la qualité de la mesure. Le gaz utilisé pour faire cet étalonnage l’est tout autant. Le détecteur doit déclencher un signal pour la présence d’un gaz ou d’une vapeur inflammable à partir de 25 % ou de 10 % de la LIE selon les cas énumérés ci-haut, ce qui exige un étalonnage avec un gaz qui possède une LIE basse pour bien capter, même ceux qui ont eux-mêmes une LIE basse.

C’est pourquoi le pentane (LIE 1,4 %) présente l’avantage sur le méthane (LIE 5 %) de pouvoir mieux détecter des gaz ou des vapeurs inflammables ayant une LIE basse.
Lecture du capteur

Lecture du capteur

Si on utilise le pentane pour la calibration du capteur, lorsque nous obtenons une lecture de gaz combustible entre 0 % et 100 % de la LIE, il s’agit d’une lecture de 0 % à 1.4 % par volume de gaz puisque la LIE du pentane est de 1,4 %. L’alarme, qui est à 10 % de la LIE, pour un travail en espace clos, avertira à l’avance d’un danger potentiel d’explosion. Pourquoi 10 %? Il y a deux raisons.

1. Idéalement, la lecture devrait se maintenir à zéro. Une valeur de 10 % indique un risque et l’obligation de quitter les lieux ou de ventiler adéquatement comme le précise l’article 302 du RSST (1).
2. Le gaz avec lequel on fait face, peut être un gaz qui a une LIE plus basse que 1.4 % comme le Diésel, le toluène (LIE 1,1 %) ou le styrène (LIE 0,9 %).

Facteurs de correction

Lors d’une lecture, il faut appliquer un facteur de correction. Les facteurs de correction diffèrent selon l’appareil, le produit utilisé pour l’étalonnage ainsi que le produit mesuré. Tous les fabricants de détecteurs de gaz peuvent vous fournir une liste de leurs facteurs de corrélation. Il est essentiel de connaitre les corrections et de les effectuer.

Ainsi, par exemple, en ayant fait un étalonnage avec du pentane, et que vous mesurez du Diésel, le facteur de correction sera de 1,4 en moyenne, puisqu’il y a plusieurs catégories de Diésel et que chaque fabricant peut avoir une donnée différente. Donc, vous devez multiplier votre lecture par 1,4. Ainsi, si votre lecture est de 10 %, vous devez savoir que le vrai chiffre est à 14 % de la LIE donc dépasse le 10 % qui oblige à agir si on est en espace clos.

Odeur, toxicité et LIE

Le seuil olfactif joue souvent de mauvais tours surtout lorsque le seuil de détection olfactif est inférieur à la LIE. De plus, même si nous sommes loin d`un danger d`explosion il se peut que l’on dépasse les normes d’exposition basées sur la valeur d’exposition moyenne pondérée (VEMP) (1).

Pour mieux comprendre, on transforme la LIE exprimée en % sous une valeur en ppm aux fins de comparaisons avec les valeurs que l’on retrouve sur les fiches de données de sécurité ainsi que dans le RSST.

La formule pour transposer les valeurs de % en ppm est très simple puisqu’il s’agit de multiplier par 10 000 la valeur en %.

Prenons l’exemple du toluène (2) avec un capteur étalonné au toluène.
• Seuil de détection de l’odeur : 6,7 ppm.
• LIE : 1,1 % soit 11 000 ppm (donc 1,1 % x
10 000).
• 10 % de la LIE : 110 ppm.
• VEMP : 50 ppm

Ainsi pour le toluène, on détecte l’odeur à une concentration de seulement 6,7 ppm alors que 10 % de sa LIE s’élève à 110 ppm. Notons de plus que le capteur de gaz inflammable ne permet pas de sécuriser l’aspect toxicité puisque la valeur de la VEMP est inférieure à 10 % de la LIE qui déclencherait l’alarme.

Le même exercice pour le styrène (3) donne un seuil olfactif à 0,14 ppm et 10 % de la LIE (0,9 %) signifi e 90 ppm (VEMP : 50 ppm) avec bien sûr, un capteur étalonné au styrène.

Ainsi, nous pouvons détecter par l’odorat plusieurs solvants ou gaz explosifs, alors que l’appareil peut nous indiquer une lecture de 0 % de la LIE.

Valeurs en ppm

Certains manufacturiers offrent la possibilité d’avoir une lecture des gaz combustibles en ppm, souvent pour le même prix qu’un capteur standard. C’est un excellent outil de travail.

Un autre avantage de ce capteur pour les services d’incendie et de brigade industrielle, est la recherche d’accélérant sur les lieux d’un incendie criminel. De plus un détecteur qui peut enregistrer les données permet de nous fournir un document fort utile. Dans un prochain article, il sera question de photo-ionisation (photo-ionisation detector, PID). Un PID pourra transmettre des lectures en ppm avec plus de précision pour certains volatiles organiques comme le toluène, le styrène, le benzène et plusieurs autres.

Pour terminer, il ne faut jamais oublier que pour faire fonctionner un capteur de gaz combustible, nous avons besoin d’oxygène. Le % recommandé peut être différent d’un fabricant à l’autre.

Les capteurs majoritairement utilisés sont de type catalytique. Pour obtenir une combustion, un minimum d`oxygène est requis sinon le détecteur nous indiquera une lecture de 0, même si nous sommes en présence d’un gaz explosif. D’autres techniques devront être utilisées dans cette situation comme un capteur infrarouge ou un tube de dilution.

En conclusion, la détection de gaz et de vapeurs explosibles doit respecter les règles de l’art si on désire obtenir des résultats fiables et assurer la sécurité des travailleurs.