CADENASSAGE

RÉPONSES À VOS QUESTIONS
Quelles sont les techniques à utiliser pour la vérification d’ÉNERGIE ZÉRO ?

Olivier Daoust1

L’essai de démarrage est-il le seul moyen de procéder à la vérification d’énergie zéro après que le cadenassage ait été effectué ?

Effectuer un essai de démarrage est une phrase commune en cadenassage et on la retrouve dans la grande majorité des procédures en place. Prenons quelques instants pour mieux comprendre cette notion essentielle, souvent mal comprise.

Qu’est-ce qu’une vérification d’énergie zéro ?

Le RSST (1), à l’article 188.7, énonce l’obligation de procéder à une vérification du cadenassage par l’utilisation d’une ou plusieurs techniques. La norme canadienne CSA Z460-13 (2), quant à elle, exige qu’une personne autorisée doive vérifier que l’isolement et la coupure d’alimentation ont été exécutés.

En d’autres termes, il s’agit de vérifier que toutes les énergies dangereuses ont été correctement isolées ou maitrisées.

Comment effectuer cette vérification ?

La technique la plus connue pour procéder à la vérification d’énergie zéro est l’essai de démarrage. Cependant, ce n’est pas la seule technique à utiliser.

Précisons tout d’abord que la vérification d’énergie zéro ne se limite pas à l’électricité. Un équipement peut être alimenté de plusieurs autres sources d’énergie telles que l’énergie hydraulique, pneumatique, les gaz sous pression, fluides et autres éléments retrouvés dans les machines, équipements et procédés. Certaines d’entre elles sont des énergies résiduelles et peuvent même être présentes après l’isolation des sources d’énergies primaires. Tout comme les sources d’énergie principales, elles proviennent de la chaleur, de charges en suspension, de pressurisation, de fluides et autres. L’utilisateur se doit également de vérifier l’état de ces énergies.

Comment faire ? La norme CSA Z460-13 propose plusieurs techniques, notamment :
1. mettre les circuits à l’essai ;
2. procéder à une inspection visuelle de l’emplacement ;
3. mettre manuellement à l’essai les commandes, les actionneurs ou les mécanismes cadenassés des machines ;
4. surveiller le mouvement ou le débit ; ou
5. observer les vidanges, les jauges, les indicateurs, etc.

Examinons chacune d’entre elles.

Mettre les circuits à l’essai

Cette première technique suppose de vérifier l’état d’un circuit à l’aide d’un appareil de mesure, par exemple un multimètre. Rappelons cependant que seules les personnes qualifiées peuvent l’effectuer. Cette méthode implique de s’exposer à des circuits potentiellement sous tension, par exemple à l’intérieur d’un panneau électrique. Des équipements de protection individuelle peuvent donc être requis, et l’appareil de mesure doit être en bon état de marche et correctement utilisé.

L’inspection visuelle

Il peut par exemple s’agir de vérifier :
• le niveau de liquide dans un réservoir ;
• la position d’une composante de l’équipement ;
• l’installation de cales ;
• autres éléments pertinents selon les équipements et procédés.

Mettre manuellement à l’essai les commandes, actionneurs ou mécanismes cadenassés

Et voilà notre essai de démarrage. Si vous utilisez cette méthode, il faudra faire attention aux faux résultats. Que veut-on dire ?

Un essai de démarrage doit toujours se faire en mode manuel. Autrement dit, il faut forcer l’équipement à démarrer. Prenons l’exemple d’un démarreur muni d’un sélecteur à 3 positions : Manuel, Automatique et OFF. Si l’on tourne le sélecteur en mode Automatique, l’équipement pourrait ne pas démarrer si une condition n’est pas remplie, tel qu’une consigne de température non atteinte ou un détecteur de position non activé. Un travailleur pourrait donc avoir cadenassé le mauvais sectionneur et sans s’en rendre compte.

Autre exemple : un travailleur a placé ce même sélecteur en mode Manuel, mais un arrêt d’urgence est enclenché. Comme un arrêt d’urgence est un mode prioritaire, la vérification peut encore une fois être faussée. Le même phénomène peut se produire lorsqu’une porte de sécurité demeure ouverte.

Par conséquent, le travailleur qui procède à l’essai manuel des commandes doit toujours utiliser le mode manuel et s’assurer que toutes les conditions sont remplies pour permettre à l’équipement de démarrer.

Cette vérification peut-elle être effectuée à partir d’un ordinateur ? La réponse est oui. Il est cependant recommandé de le faire en compagnie d’un autre travailleur, présent près de l’équipement, pour confirmer visuellement l’essai de démarrage.

Surveiller le mouvement ou le débit

Il s’agit ici de vérifier visuellement l’écoulement d’un fluide ou le déplacement d’une composante du réseau à cadenasser. Prenons l’exemple d’une trémie, d’un convoyeur ou
d’un réseau de canalisation.

Observer les vidanges, jauges ou indicateurs

Il s’agit ici de vérifier, par exemple, les éléments
suivants :
• un manomètre indiquant la pression ;
• un indicateur de température ;
• les valeurs sur un écran de commande (HMI).

La norme CSA Z460-13 ajoute qu’il est important de faire appel à la ou les techniques qui procurent le niveau d’assurance le plus élevé tout en évitant de créer de nouveaux phénomènes dangereux.

Comment formuler la vérification dans une procédure de cadenassage ?

Le règlement et la norme précisent que ces vérifications doivent être consignées sur les fiches de cadenassage. Mais serait-il suffisant de mettre la mention Effectuer un essai de démarrage sur la fiche de cadenassage ?

La réponse est non. La description de vérification d’énergie zéro devrait être claire et précise. On pourra par exemple :
• décrire étape par étape les boutons de commande à actionner ;
• indiquer l’endroit précis où regarder et mesurer ;
• indiquer les outils ou le matériel à utiliser pour effectuer la vérification.

De plus, le RSST, à l’article 188.6, oblige d’identifier les dispositifs de commande d’une machine comme les boutons, les sélecteurs ou les panneaux. La vérification d’énergie zéro devra donc indiquer clairement quelle commande doit être actionnée, par exemple un sélecteur, et dans quelle position celui-ci doit être placé.

À quel moment procéder à la vérification d’énergie zéro ?

À l’article 7.3.3.9, la norme CSA Z460 précise que cette vérification doit être effectuée avant de commencer le travail sur les machines, les équipements ou les processus qui ont été cadenassés. Il n’y a pas de passe-droit : chaque fois qu’un travailleur effectue ses tâches sous cadenassage, il doit procéder à cette vérification.

Conclusion

L’essai de démarrage n’est donc pas la seule façon de procéder à la vérification d’énergie zéro. Ce n’est qu’une des techniques utilisées. Ne l’oublions pas, la vérification d’énergie zéro est l’élément le plus important à appliquer pour votre sécurité lorsque vous effectuez des travaux sous cadenassage. Votre rigueur vous protègera de l’accident.


1 – Olivier Daoust – [olivier.daoust@spi-s.com]

Références bibliographiques

    1. Règlement sur la santé et la sécurité au travail du Québec.
    2. Norme CSA Z-460-13. Maitrise des énergies dangereuses, cadenassage et autres méthodes, article 7.3.3.9.